Adam est un «petit poisson». C’est son maître-nageur qui a trouvé le surnom. Dans la piscine municipale de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes), il ouvre les yeux quand il met la tête sous l’eau. Il fait glisser son corps quand il lâche le bord. A 6 ans, le «petit poisson» ne sait pas nager. Adam se familiarise à l’aisance aquatique avec sa classe de maternelle. Déployé par le gouvernement depuis 2019, ce plan national anti-noyades est suivi à Cagnes-sur-Mer par toute une classe d’âge : huit séances sont dispensées aux 480 élèves de grande section. Selon le ministère des Sports, l’aisance aquatique vise «une expérience positive de l’eau» et une «adaptation au milieu aquatique».

Pendant trente-cinq minutes, la piscine plonge dans la fiction. Les élèves se transforment en poissons, grenouilles ou serpents. Le bassin devient «lac». Les animaux barbotent autour de la mare, avant de traverser, jamais loin de la rive. «Ils évoluent librement. Le plus gros objectif, c’est de sentir la flottaison avec l’eau, expose Robin Ruiz, chef de bassin et maître-nageur. Ils se débrouillent par eux-mêmes. Il n’y a pas de nage, ce n’est pas codifié. Peu importe le geste.» Dans le grand bain, les petits n’ont pas pied. Pas de brasse ni de crawl. Ni brassards, ni flotteurs. «Sans bouées», leur Atsem, Michelle Fantino, a été «un peu choquée» : «Au début, ça me faisait peur. Mais je suis épatée. Ils se débrouillent bien.» A 56 ans, elle-même