«Liberté, laïcité. Rire, sortir, étudier. Continuer encore. Chanter, danser. Continuer encore. Enseigner. Continuer encore.» Les mots, enregistrés sur une bande-son, roulent sur la place des Héros à Arras (Pas-de-Calais). Ce dimanche matin 13 octobre se tient la commémoration de l’attentat qui a endeuillé la ville il y a un an, et coûté la vie à un professeur de lettres, Dominique Bernard, devant son établissement, la cité scolaire Gambetta. L’assaillant, Mohammed Mogouchkov, un jeune homme russe de 20 ans, originaire d’Ingouchie (dans le Caucase), avait blessé trois autres personnes, un professeur et deux agents, à l’intérieur du lycée, sous les yeux de nombreux collégiens. Il est 11 heures, l’heure de l’attaque : les sonneries d’alerte d’Arras mugissent, figent la foule, saisissantes.
Les visages sont graves, certains pleurent. La commémoration commence, une street-artiste esquisse sa fresque, réalisée en direct : l’envol d’une colombe avec un rameau d’olivier, qui porte les valeurs de la République – «liberté, égalité, fraternité» – sous un ciel bas et gris-bleu. Les roses, blanches, sont partout. Celles triturées par des mains impatientes, celles portées religieusement, sous cellophane, celles qui dépassent d’un sac à main, celles qui attendent par centaines, dans des