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Souffrance

«Une élève m’a parlé d’idées noires» : à Mayotte, la difficile rentrée scolaire après le traumatisme du cyclone Chido

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Cyclone Chidodossier
Cette semaine, les enfants et ados de l’archipel sont de retour en classe pour la première fois depuis la catastrophe. Leurs professeurs s’inquiètent de leur état psychologique, aggravé par leurs difficultés économiques, et pointent le manque de soutien des institutions.
Devant le collège Zena-M'Déré, à Pamandzi, le lundi 27 janvier. (MARINE GACHET, Marine Gachet/AFP)
par Isabelle Mercier
publié le 31 janvier 2025 à 7h26

«Comment te sens-tu ?» : c’est une question toute simple, que le rectorat préconise de poser aux élèves, de retour dans les écoles de Mayotte depuis lundi 27 janvier, près de deux mois après le passage du cyclone Chido. Chez les enseignants, chacun fait comme il peut. Elsa (1), professeure en lycée, s’est portée volontaire parmi d’autres pour recueillir, en entretien individuel, la parole des élèves d’un lycée de Grande-Terre. 800 élèves ont pu s’exprimer. Elle constate une certaine libération de la parole : «Ce n’est pas dans l’habitude de la communauté mahoraise, en grande majorité musulmane, de s’épancher.» Elsa a compilé les témoignages. Elle évoque «60 % d’élèves en souffrance, dont 20 % complètement traumatisés». Des «yeux qui se remplissent de larmes» lorsqu’il faut raconter, des «cauchemars» et des «insomnies» qui rythment les nuits. Et ces corps qui tremblent dès qu’il pleut ou que le vent se lève. Pour Elsa, ce sont les élèves des bangas qui sont le plus en souffrance. Tous lui ont relaté «leur maison en tôle» qui «tombe à terre», beaucoup «se sont vus mourir». Il y a eu des récits de tôles qui ont «découpé les jambes», «abîmé les cor