Menu
Libération
Education

Uniforme, groupes de niveaux, harcèlement scolaire… Nicole Belloubet affine son plan pour l’école

Dans une interview à «Ouest-France» ce mercredi 14 février, la nouvelle ministre de l’Education a déroulé les mesures qu’elle souhaite mettre en place, cinq jours après avoir pris possession de son poste après la débâcle Oudéa-Castéra.
Dans une interview à «Ouest-France» ce mercredi 14 février, la nouvelle ministre de l’Education a déroulé les mesures qu’elle souhaite mettre en place, cinq jours après avoir pris possession de son poste après la débâcle Oudéa-Castéra. (François Nascimbeni/AFP)
publié le 14 février 2024 à 13h20

En poste depuis cinq jours, Nicole Belloubet dévoile son plan pour l’école. Dans l’édition de ce mercredi 14 février de Ouest-France, l’ancienne rectrice des académies de Limoges et de Toulouse explique qu’elle a accepté de prendre la succession d’Amélie Oudéa-Castéra, évincée après un mois de déboires, parce qu’elle a «toujours aimé la transmission», qu’elle se voit faire «partie du monde éducatif». L’ancienne Garde des Sceaux du gouvernement d’Edouard Philippe, sous le premier mandat d’Emmanuel Macron, estime «pouvoir trouver la voie pour redonner de l’énergie au système éducatif», et trouver un terrain d’entente avec des représentants syndicaux ulcérés par sa prédécesseure.

Lundi, lors d’une rencontre avec des professeurs d’un collège rémois pour son premier déplacement officiel, elle mettait l’accent sur la lutte contre le harcèlement scolaire, présentant une enquête menée en novembre 2023, qui conclue que 5 % des écoliers du CE2 au CM2, 6 % des collégiens et 4 % des lycéens sont considérés comme victimes de harcèlement. Mardi, elle tente de déminer la question des groupes de niveau au collège, dans le viseur des syndicats, assurant que la mesure visait à répondre «aux attentes particulières» des élèves.

«Sanctions étoffées» contre les élèves harceleurs

Ce mercredi, elle fait donc, en grande partie, la promotion de ces deux thèmes dans les colonnes du quotidien. Sur les groupes de niveau, pour les 6e et 5e : «Nous ne réussissons pas suffisamment à aider les collégiens les plus en difficultés, malgré l’investissement des professeurs, estime la ministre. L’étude Pisa montre une dégradation forte des résultats, et la relation est toujours étroite entre les résultats scolaires et les indicateurs socio-économiques des élèves. Je suis absolument opposée au principe de filiarisation pour les collégiens. Nous travaillons avec les personnels de direction, les inspecteurs, les professeurs, pour voir comment mettre en place ces groupes d’élèves. Le risque, celui que je ne laisserai pas advenir, c’est la sélection par l’échec, un refus de mixité scolaire et sociale dans les classes.»

Face à la crise de vocation que subie la profession, la ministre évoque le besoin d’un «choc d’attractivité» très macronien, estime que les professeurs «doivent pouvoir exprimer leur mal-être quand il y en a» et anticipe le recours à davantage de contractuels. Sur le harcèlement scolaire, Belloubet met en avant «les sanctions étoffées» à l’encontre des élèves harceleurs, avec «la possibilité de [les] changer d’établissement dès l’école. Il y en a eu 35 entre septembre et décembre. Mais l’idée n’était pas seulement de déplacer le problème. Tous ont bénéficié d’un suivi avec des psychologues, assistantes sociales, infirmières scolaires. C’est aussi pour cette raison que ces professionnels qui coordonnent la lutte contre le harcèlement vont pouvoir bénéficier d’un complément indemnitaire de 1 250 euros». Interrogée sur la rengaine de l’uniforme à l’école, souhait d’Emmanuel Macron qui sera expérimentée dans une centaine d’écoles, collèges et lycées, la ministre donne un horizon : deux ans «pour se donner le temps de regarder honnêtement ce que ça donne».