2,9 % en plus. En indexant les frais d’inscription et la Contribution à la vie étudiante et de campus (CVEC) sur l’inflation, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, brise le gel en vigueur depuis 2019. Une annonce réalisée par voie de presse le 28 mai et confirmée à Libération ce lundi 3 juin. Concrètement, les étudiants de licence devront débourser 175 euros à la rentrée prochaine, contre 170 euros l’an dernier, ceux de master 250 euros (contre 243) et ceux de doctorat 391 euros (contre 380), tandis que la CVEC va passer à 103 euros (contre 100).
«Il ne s’agit pas d’une décision d’augmenter ces frais, plutôt d’une non-décision de gel», argue le cabinet de Sylvie Retailleau, soulignant le caractère «exceptionnel» des années précédentes quand cette hausse mécanique était gelée. Une action cohérente avec la politique globale du gouvernement de coupes budgétaires dans un contexte de fort endettement de l’Etat.
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Précisons que les étudiants boursiers sont exonérés de ces frais et que les repas du Crous (1 euro pour les boursiers, 3,30 euros pour les autres) ne sont pas concernés par cette indexation.
Reste que cette décision fait l’unanimité contre elle du côté des organisations représentatives des étudiants. «Ce gouvernement n’a que du mépris pour la jeunesse, qu’il ne cesse de précariser», dénonce l’Union étudiante. «En l’espace de quelques mois, les factures d’électricité ont explosé pour les étudiants, qui ont payé au prix fort l’inflation alimentaire également, les loyers CROUS ont augmenté de 3,5 %», rappelle le syndicat proche de LFI et en passe de devenir majoritaire sur les campus depuis sa scission d’avec l’Unef. La Fage est sur la même ligne : «Augmenter les frais universitaires ne peut pas être la réponse au manque de financement de l’enseignement supérieur et la recherche. Ces quelques euros d’augmentation peuvent sembler dérisoires, mais représente pour nombre d’étudiant.es des repas sautés», regrette l’organisation.
«Luxe» contre «forte diminution»
La question de la précarité étudiante est devenue prégnante depuis le Covid-19. La pandémie et ses confinements avaient contraint nombre de jeunes à se fournir en biens de premières nécessités lors de distributions gratuites. Depuis le besoin se fait toujours ressentir, sous le coup notamment de l’inflation - bien qu’en décrue après avoir dépassé les 5 % en 2022 - et des tensions sur le marché immobilier qui fait flamber le prix des locations de logement. A chaque rentrée, les syndicats étudiants axent leur communication sur le coût de celle-ci. Un coût de la vie étudiante en hausse de 6 % en 2023-2024 estimait l’Unef. Avec 3 000 euros de frais en septembre pour les étudiants, la Fage considère qu’étudier est «devenu un luxe».
Le gouvernement se défend un évoquant «la forte diminution» des coûts d’inscription depuis 2017. Par ailleurs, il souligne que la CVEC est venue remplacer la cotisation à la Sécurité sociale étudiante. «Un étudiant non-boursier payait 401 euros pour une entrée en licence en 2017. Il va payer 278 euros en 2024», calcule le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Un argument qui ne porte pas auprès des syndicats.
Un communiqué commun des organisations étudiantes et de plusieurs organisations des personnels voit dans la politique actuelle une volonté de «restreindre l’accès à l’enseignement supérieur pour les plus pauvres» et «appelle la communauté universitaire à se mobiliser contre cette mesure et contre le projet de ce gouvernement concernant l’éducation et l’enseignement supérieur».