Agifh, 16 ans, ne veut pas retourner en cours. Il a retrouvé une dizaine de copains, tous en survêtement noir, surpris de voir autant de caméras de télé déployées sur le trottoir d’en face. Les journalistes se sont regroupés devant les grilles de l’entrée de l’établissement, trois grands blocs de bâtiments blancs et jaunes des années 70, où l’on peut lire, juste au-dessus du nom Eugène Delacroix, cette inscription : «Le monde est à nous.» Dans ce lycée de Drancy (Seine-Saint-Denis), le bilan de l’épidémie est préoccupant : 22 classes fermées (soit 550 élèves absents à cause du Covid-19, sur 2 400), 35 élèves et une dizaine de personnels positifs. Selon le personnel scolaire, vingt parents ou proches d’élèves sont décédés du Covid depuis le début de l’épidémie, un chiffre communiqué par la direction de l’établissement.
Agifh est en première, il a appris «tout ça ce week-end, ça tournait en boucle sur les chaînes d’info». Il ne savait pas que son lycée était devenu un si gros cluster mais ça ne l’étonne pas. «Plein d’élèves ne portent pas le masque, ou juste en dessous du nez. Et puis en cours, on est super serrés. Alors en rentrant, on a peur de le transmettre à nos familles», glisse l’adolescent, cheveux soigneusement plaqués du côté droit du crâne. A côté de lui, Jenoshan, lui