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Reportage

Eleveurs laitiers lâchés par Lactalis : «Nous sommes des pions face à ceux qui n’ont qu’un objectif, la rentabilité»

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L’annonce du groupe de réduire sa collecte de lait en France d’environ 9 % d’ici 2030 a provoqué un choc chez les producteurs laitiers. Dans la région nantaise, ces derniers naviguent entre amertume et volonté de se détacher des industriels.
Gildas Hégron, éleveur de vaches laitières, à Montbert (Loire-Atlantique) le 22 octobre 2024. (Theophile Trossat/Libération)
par Marine Dumeurger et Photos: Théophile Trossat
publié le 24 octobre 2024 à 18h19

Derrière Gildas Hégron, une petite centaine de vaches pâturent dans la grisaille, ombres noires et blanches dans le champ détrempé par les pluies diluviennes. Polo bleu et bottes aux pieds, l’agriculteur de 46 ans fait partie de «la vague d’élimination de Lactalis», selon ses mots. Fin septembre, le numéro 1 mondial du lait a annoncé réduire sa collecte de lait en France de près de 9 % d’ici à 2030, soit 450 millions de litres – près de 270 producteurs seront touchés d’ici à 2026, notamment dans l’Est et au sud de la Loire, pour atteindre près de 900 exploitations en 2030. Gildas Hégron, lui, a appris qu’il était concerné par la nouvelle après un «coup de fil» reçu alors qu’il nettoyait la salle de sa laiterie. «Le type au téléphone m’a demandé si j’avais entendu la nouvelle avant de poursuivre : Eh bien vous êtes concernés. Dans un an, on arrête de vous collecter.» Depuis, il attend le courrier recommandé qui déclenchera le préavis de douze mois avant la fin du contrat.

A une vingtaine de kilomètres au sud de Nantes, à la limite du vignoble n