Incendies, pillages, affrontements armés entre émeutiers et population ou avec les forces de l’ordre, la Nouvelle-Calédonie est le théâtre depuis lundi 13 mai d’émeutes particulièrement violentes, malgré l’instauration d’un couvre-feu à Nouméa et dans son agglomération. A l’origine de cette éruption, le texte voté par les sénateurs et maintenant les députés, qui vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales dans l’archipel. Les partisans de l’indépendance jugent que ce dégel risque de réduire leur poids électoral et «minorer encore plus le peuple autochtone kanak».
Secoués par la violence des heurts entre indépendantistes, milices armées et forces de l’ordre, les habitants de Nouméa se calfeutrent à leur domicile, d’où ils surveillent les affrontements, et les départs incessants de feu. Certains s’organisent pour protéger leurs quartiers, d’autres mettent leurs provisions en commun entre voisins pour tenir le coup, d’autres organisent leur évacuation de l’archipel.
«C’est très dur, on entend crier, taper en permanence»
Patricia, la soixantaine, retraitée, issue d’une famille caldoche (descendante de colons européens), habitante de la Vallée-du-Tir à Nouméa, jointe ce mercredi 15 mai matin.
«Je suis épuisée, on a passé deux nuits pratiquement sans dormir et on en démarre une troisième qui s’annonce encore pire. La Vallée-du-Tir est l’un des points les plus chauds. Comme je suis au fond du quartier, on se retrouve avec une cinquantaine d’habitants littéralement pris en otages car la rue est bloquée avec un énorme feu de carcasses de voiture. Les émeutiers l’alimentent depuis deux jours avec les restes des trois maisons qu’ils ont brûlées juste en face de chez moi. Quand