En résumé :
- Une large partie du pays, à l’exception de la frange ouest, a subi une dernière journée de canicule, avant l’arrivée de violents orages par endroits, marquant le terme d’une vague de chaleur qui restera dans les annales par sa précocité, sa durée et ses records. Ce mercredi, quatre derniers départements demeuraient en alerte rouge : l’Aube, l’Yonne, le Loiret et le Cher jusqu’à 22 heures.
- Pour la journée de jeudi, Météo-France a annoncé, dans son point publié à la mi-journée, que 40 départements resteront en vigilance orange canicule, principalement dans la moitié est de l’Hexagone.
- Mardi, 2 200 écoles mal équipées, 12 collèges et un lycée ont fermé - environ 3 % des établissements scolaires -, révélant l’inadaptation du bâti scolaire aux enjeux climatiques.
- «Du fait du réchauffement climatique provoqué par l’homme, la chaleur extrême devient plus fréquente et plus intense», a rappelé Clare Nullis, porte-parole de l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
Une vague de chaleur nationale «remarquable par sa durée» et sa précocité. La France a vécu ce mercredi le 14e jour d’affilée d’une vague de chaleur nationale, «remarquable par sa durée» et sa précocité, selon Météo-France, mais qui «devrait se terminer dans les premiers jours de juillet». Le thermomètre est monté à 40,1°C à Mourmelon-le-Grand (Marne), 39,7°C à Sens (Yonne), ou 37,7°C à Dijon, selon des valeurs provisoires relevées à 17 heures par Météo-France.
Plusieurs milliers de foyers encore privés d’électricité. Quelque 6 000 clients d’Enedis, principalement en Centre-Val-de-Loire et Poitou-Charentes étaient sans électricité à 19 h 30 mercredi en raison des «fortes chaleurs» qui affectent les infrastructures souterraines et ont privé jusqu’à 13 000 personnes de courant au plus fort de la journée, selon le dernier bilan du gestionnaire du réseau de distribution électrique. Au long de la journée des incidents ont été recensés également en Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes. Quelque 8 000 clients notamment avaient été privés d’électricité en Ile-de-France, dans le Sud-Est et le Sud, un chiffre ramené à 6 000 à la mi-journée.
Mort d’un ouvrier de 51 ans à Auxerre mercredi. Un ouvrier est décédé mercredi après avoir fait un malaise sur un chantier dans le stade de l’AJ Auxerre, et une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de la mort, a indiqué le parquet. Selon les pompiers, il a fait un malaise mardi, vers 14 h 30, dans le stade Abbé Deschamps, alors que l’Yonne était placée en alerte rouge canicule. Le club a présenté sur X ses condoléances aux proches de cet ouvrier, dont le décès a d’abord été rapporté par la radio Ici. Après son malaise, cet homme de 51 ans avait été transféré à l’hôpital, où il est décédé mercredi matin, a précisé à l’AFP une source au sein de l’AJA Auxerre.
Les deux morts de Besançon ne sont pas liés à la canicule, selon le parquet. La procureure par intérim de la capitale franc-comtoise a démenti mercredi tout lien entre deux décès suspects et l’épisode de canicule, contrairement à ce qui avait été annoncé dans un premier temps par la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher. Deux décès survenus à Besançon pouvaient laisser penser à un lien éventuel avec la canicule, celui d’un ouvrier mort en rentrant chez lui après une journée sur un chantier lundi soir, et celui d’un sans domicile fixe retrouvé inconscient mardi matin. «En l’état des éléments en ma possession il m’est impossible de confirmer que les deux décès soient en lien avec la canicule», a déclaré la procureure de la République par intérim, Margaret Parietti. Concernant l’ouvrier, âgé de 35 ans, «ce que je peux confirmer c’est que son décès n’est absolument pas en lien avec la chaleur», a-t-elle ajouté. Les résultats de l’autopsie ne «permettent pas de faire ressortir une déshydratation».
«C’est l’ensemble du territoire national qui peut brûler.» Les fortes chaleurs et le manque de pluie ont significativement accru le risque de propagation des feux de forêt en France. Ce mercredi 2 juillet, la région parisienne, le Centre et les Pays-de-la-Loire sont aussi inflammables que les départements de l’Arc méditerranéen.
Incendies
Alerte aux orages. Météo France annonce que des orages sont attendus dans la soirée «sur une bonne moitié est du territoire», alors que des pluies localement fortes se sont déclenchées dès ce matin en Normandie, mais aussi sur les reliefs du sud et la moitié est du pays. Ces orages seront «localement violents», souligne l’organisme météo, et «susceptibles de produire de fortes lames d’eau en peu de temps, de la grêle et des rafales parfois autour de 80/90 km/h». Et Météo France de préciser : «Ils pourront parfois durer jusqu’en soirée, éventuellement en seconde partie de nuit sur le Nord-Est.»
Barcelone : après la mort d’une employée d’une société de nettoyage, des protocoles renforcés. La mairie de Barcelone, dans le nord-est de l’Espagne, a décidé ce mercredi de renforcer les protocoles de protection des employés des entreprises chargées du nettoyage de la ville en cas de températures élevées. Cette décision intervient après qu’une femme est morte, samedi, chez elle, juste après avoir terminé sa tournée de nettoyage dans les rues de la ville. Les causes du décès sont encore en cours d’investigation. Les employés auront ainsi plus de pauses pour s’hydrater, avec une pause de cinq minutes toutes les heures pendant les périodes de plus forte exposition. De même, une bouteille isotherme d’une capacité d’un litre leur sera fournie, leurs itinéraires seront ajustés pour faciliter le passage par des zones plus ombragées aux heures de soleil intense, et une attention particulière sera portée aux personnes vulnérables.
Deux morts en Sardaigne. Selon le quotidien italien La Repubblica, deux hommes sont morts sur des plages de l’île italienne en raison des chaleurs extrêmes. Le premier, âgé de 75 ans, a été victime d’un malaise alors qu’il se trouvait sur la plage de Budoni, sur la côte nord-est. Les secours n’ont pas pu le réanimer. Le second, âgé de 60 ans, a lui aussi été soudainement pris d’un malaise sur une autre plage située non loin de là, à San Teodoro. En Sardaigne, le mercure a dépassé les 40 °C à plusieurs reprises ces derniers jours.
Dans les Ehpad, «la canicule implique une surveillance accrue de la part du personnel». Nathalie Soria, vice-présidente de la Fédération française des infirmières diplômées d’Etat coordinatrices, rappelle que les activités, les repas, l’hydratation, ainsi que les vêtements des résidents doivent être adaptés en période de canicule.
Interview
Les orages grondent. Corollaire de l’enchaînement de jours très chauds, «des orages sont attendus sur de nombreux départements» dès la fin de journée, «localement violents sur une bonne moitié est du territoire», avertit Météo France. L’observatoire français des orages, Keraunos, souligne notamment sur son compte X que des «orages localement forts éclatent des Ardennes à l’Auvergne, de l’arrière-pays du Languedoc à l’arrière-pays provençal».
Levée de la vigilance maximale partout en France pour la journée de jeudi. Dans son nouveau point canicule publié dans l’après-midi, Météo France annonce qu’il n’y aura plus aucun département en vigilance rouge canicule à partir de ce soir, 22 heures. Demain, 40 départements resteront malgré tout en vigilance orange, principalement dans la moitié est de l’Hexagone. La Corse-du-Sud, jusque-là épargnée, basculera elle aussi en orange à partir de midi.
Pour mercredi 02 juillet 2025 :
— VigiMétéoFrance (@VigiMeteoFrance) July 2, 2025
🔴 4 départements en Vigilance rouge
🟠 55 départements en Vigilance orange
Pour jeudi 03 juillet 2025 :
🟠 40 départements en Vigilance orange
Restez prudents et informés :https://t.co/JGz4rTV3xn pic.twitter.com/Caq1Kgl0v5
La vague de chaleur a affecté la santé de Français de tous âges. Les personnes âgées, particulièrement vulnérables aux fortes chaleurs, ne sont pas les seules touchées par les températures caniculaires. Les pics de la fin juin se sont traduites par une augmentation des affections liées à la chaleur dans toutes les tranches d’âge, a indiqué mercredi l’agence française de santé publique.
«Cette augmentation des recours aux soins […], elle est lisible pour l’ensemble des classes d’âge», a résumé Robin Lagarrique, chargé d’études à Santé publique France, lors d’une conférence de presse. Pour l’heure, Santé publique France n’est en mesure de donner un premier bilan que sur le mois de juin, et celui-ci ne permet pas encore de connaître à quel point la mortalité a été inhabituelle dans la population : il faudra attendre deux semaines pour en avoir une idée.
L’Allemagne suffoque aussi. Dans le pays européen le plus peuplé, la température doit atteindre des maximales comprises entre 34 et 38 °C, et jusqu’à 40 °C localement, tel à Mannheim, dans le sud-ouest du pays, selon le service météorologique allemand. Comme pour la Belgique et les Pays-Bas, la canicule est arrivée mardi. Les chemins de fer allemands s’attendent à des retards et des restrictions de circulation sur certaines lignes et, sur les autoroutes de ce pays où l’automobile est reine, l’asphalte de la chaussée s’est déformé sous l’effet des températures.
Piqûre de rappel. Dans une France à + 4 °C en 2100 (l’Hexagone est actuellement réchauffé de + 1,7 °C), les étés futurs seront plus chauds que tous ceux connus jusqu’à aujourd’hui, pointe Météo-France dans un communiqué. «Des températures supérieures à 40 °C pourraient se produire tous les ans, et des records de chaleur pourraient atteindre localement jusqu’à 50 °C. Il faudrait s’attendre à 10 fois plus de jours de vague de chaleur à l’horizon 2100.» Les régions méditerranéennes seront particulièrement exposées. Les nuits chaudes, au-delà de 20 °C, seront la norme, avec jusqu’à 120 nuits par an sur le littoral méditerranéen, ajoute l’institut météorologique.
Y aura-t-il d’autres canicules cet été ? La France connaît depuis le 19 juin dernier une vague de chaleur «précoce, remarquable par sa durée et son étendue géographique», rappelle Météo-France dans son bilan climatique de juin 2025. Mais il n’est pas possible de prévoir si et quand d’autres épisodes caniculaires pourraient se produire d’ici septembre 2025. Ainsi, prévoir un scénario plus chaud que la normale sur trois mois - comme c’est le cas pour juillet, août et septembre - n’implique pas nécessairement la survenue de vagues de chaleur ou de canicules, explique l’institut météorologique. Car les tendances climatiques ne sont pas des prévisions météorologiques.
Ces températures sont rendues cinq fois plus probables par le réchauffement climatique. Selon le météorologue François Jobard, les températures ne sont pas seulement inhabituellement élevées, «ce sont des chaleurs excessives rendues jusqu’à 5 fois plus probables par le réchauffement climatique d’origine anthropique», rappelle-t-il sur le réseau social Bluesky. Dans un autre post, il affirme que le seuil de 37 °C était atteint «un jour tous les dix ans» en moyenne en première moitié d’été à Nîmes, avant les années 2000. En 2025, avant la mi-juillet on aura probablement déjà «une dizaine de jours» supérieurs ou égal à 37 °C à Nîmes. En une seule année.
Les sans-abri, en première ligne de la canicule. Pour protéger les SDF, mis en danger par les vagues de chaleur, la capitale a tenté cette année de mettre en place un «Plan grand chaud», sur le modèle du «Plan grand froid». Mais les élus dénoncent l’inaction et le manque d’anticipation de l’Etat.
Reportage
L’Europe dépourvue de nuages. Selon les images de l’institut Copernicus, les cieux européens sont très majoritairement vierges de toute intempérie et de nuages. C’est le signe de la présence d’un puissant système de haute pression, un phénomène météorologique souvent associé à des périodes prolongées de chaleur.
8 000 clients privés d’électricité à cause des fortes chaleurs. Selon un bilan du gestionnaire du réseau de distribution électrique, quelque 8 000 clients d’Enedis étaient privés d’électricité à 8 heures ce mercredi en raison des «fortes chaleurs» qui affectent les infrastructures souterraines, notamment en Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Ile-de-France et Auvergne Rhône-Alpes. «La situation reste évolutive», précise Enedis. «Les très fortes chaleurs cumulées sur plusieurs jours avec une température qui ne descend pas la nuit ont fait monter la température des sols goudronnés de plusieurs dizaines de degrés (en surface), ce qui a mis en forte contrainte les réseaux souterrains.» Les boîtes de jonction, qui servent à relier deux câbles souterrains entre eux, sont «sensibles aux fortes variations de températures et aux mouvements de terrains qu’elles induisent, à l’origine de l’incident», précise le gestionnaire, qui assure que ses équipes interviennent pour «rétablir l’électricité le plus rapidement possible».
Deux morts dans un incendie en Espagne. Les pompiers ont annoncé mardi la découverte de deux corps après un incendie dans la province de Lérida en Catalogne, dans le nord-est de l’Espagne, en proie à de fortes chaleurs. Les autorités catalanes ont confiné quelque 14 000 personnes mardi en raison de cet incendie meurtrier et d’un autre, qui se sont déclarés presque simultanément dans la province de Lérida. Quelques heures plus tôt, toujours en Catalogne, la police avait signalé la mort d’un petit garçon de deux ans qui avait été laissé plusieurs heures dans une voiture garée en plein soleil. Selon l’Aemet, l’agence météorologique espagnole, le pays vient de connaître le mois de juin le plus chaud jamais enregistré de son histoire, avec une température moyenne de 23,6 °C.