En résumé :
- En raison des violences urbaines de ces derniers jours, Emmanuel Macron a décidé d’annuler sa visite d’Etat en Allemagne qui devait se tenir de dimanche à mardi.
- Des nouvelles scènes de pillages et de violences sporadiques ont secoué plusieurs villes de France mais la nuit de vendredi à samedi a été marquée par des violences d’une «intensité bien moindre» que les précédentes selon le ministre de l’Intérieur. Au moins 1311 personnes ont été interpellées, dont 406 à Paris.
- Comme la nuit précédente, 45 000 membres des forces de l’ordre ont été déployés sur le terrain ce samedi soir. Des renforts de CRS ont notamment été envoyés à Marseille et Lyon, où les affrontements ont été vifs vendredi soir.
Le «oui, mais...» des assureurs. L’organisation professionnelle France Assureurs a assuré samedi soir à l’AFP que ses membres étaient «tous mobilisés» pour répondre aux victimes des heurts depuis la mort de Nahel tué par policier, sans répondre toutefois précisément à ce stade à la demande du ministre de l’Economie Bruno Le Maire, qui veut une baisse des franchises. «Accélérer l’indemnisation est particulièrement crucial pour permettre aux professionnels dont l’outil de travail a été dégradé voire détruit de redémarrer rapidement leur activité», a souligné l’organisation professionnelle, qui compte 252 membres représentant plus de 99% du marché selon son site. Elle demande aux sinistrés de contacter «le plus vite possible» leurs assureurs «par tout moyen de communication».
Une cérémonie «très calme» pour Nahel. L’adolescent a été inhumé ce samedi en fin d’après-midi au cimetière du Mont-Valérien à Nanterre en présence de sa mère, de sa grand-mère et de plusieurs centaines de personnes lors d’une cérémonie «très calme, dans le recueillement et sans débordement», a rapporté un témoin à l’AFP. Dans la matinée, l’ambiance était très tendue devant le funérarium entre des groupes de jeunes et la presse, dont la présence n’était pas souhaitée par la famille.
Le quartier des Champs-Elysées en état d’alerte. Parmi les 45 000 membres des forces de l’ordre à nouveau sur le terrain ce samedi soir, 7 000 sont déployés à Paris et en proche banlieue. La Première ministre Elisabeth Borne en personne devait se rendre dans la salle de commandement de la police nationale au ministère de l’Intérieur, puis dans celle de la préfecture de police de Paris pour y suivre les opérations de maintien de l’ordre samedi soir tard.
🔴 Les forces de l’ordre se positionnent sur les #ChampsElysées devant les boutiques pour éviter les pillages.
— Clément Lanot (@ClementLanot) July 1, 2023
Des appels à « arrêter de brûler les quartiers » et venir sur la capitale circulent sur les réseaux sociaux. #Emeute #Paris #Nanterre pic.twitter.com/EGz8Y3YknY
Le pillage de magasins devant la justice. Plusieurs jeunes ont été condamnés ce samedi en région parisienne pour avoir profité des émeutes en réponse à la mort de Nahel pour piller magasins de marque ou grandes surfaces. L’imposant magasin Nike des Halles a été ciblé dans la nuit de jeudi à vendredi, saccagé en vingt-cinq minutes par 30 à 50 personnes. Selon un premier comptage, 200 paires de chaussures sont manquantes. Interpellée cachée dans un local proche du magasin, des produits Nike dans les mains et un bas de survêtement enfilé autour de la tête, une jeune femme de 18 ans a écopé ce samedi de 105 heures de travail d’intérêt général (TIG) et de l’interdiction d’aller à Paris pendant deux mois. A Bobigny, c’est le pillage d’un magasin Carrefour de Saint-Denis par une cinquantaine d’individus cagoulés dans la nuit de jeudi à vendredi qui a été examiné à l’audience. Quatre jeunes à peine majeurs ont été condamnés à six mois de prison ferme avec mandat de dépôt.
Les jeux vidéo, coupables idéaux mais pas dupes. Les hommes politiques de droite aiment apporter des explications simples aux problématiques sociales, forcément complexes. Avec sa tirade sur une jeunesse «intoxiquée» aux réseaux sociaux et aux jeux vidéo, Emmanuel Macron n’a pas dérogé à la règle après quatre jours de violences urbaines. Ce serait donc eux les coupables idéaux. GTA, Zelda, Call of Duty ou The Witcher 3, et peu importe qu’on n’ait encore vu aucun jeune lancer un sort de feu sur des policiers… En conséquence, plusieurs personnalités du monde du jeu vidéo se sont alarmées de l’analyse du président de la République. Notre analyse.
Des premières tensions sur la Canebière. «Le jeu du chat et de la souris» entre manifestants contre les violences policières et forces de l’ordre «a bien commencé» à Marseille, écrit ce samedi soir La Provence. Le journal marseillais évoque des jets de grenades lacrymogènes de CRS face à des incendies de poubelles sur la Canebière. 11 personnes ont déjà été interpellées, alors que le gouvernement a envoyé des policiers en renfort dans la ville face aux énormes heurts vendredi soir.
Plusieurs groupes "assez compacts" tentent de commettre des pillages dans le secteur de la Canebière à Marseille, de source policière. Ils sont à chaque fois dispersés#violences #emeutes pic.twitter.com/0VpeJbeTQ3
— France Bleu Provence (@bleuprovence) July 1, 2023
Cash. Une cagnotte Leetchi a été ouverte pour soutenir financièrement la famille de Nahel. Et depuis, une «contre-cagnotte» a été ouverte par un ancien partisan d’Eric Zemmour «en soutien pour la famille du policier de Nanterre» qui a tué l’adolescent de 17 ans. Résultat ? Ce soir la cagnotte du policier de Nanterre a récolté 325 751 euros et celle en soutien de la famille de Nahel affiche 64 178 euros au compteur. Soit 261 573 euros de plus pour le policier de Nanterre.
Sécurité renforcée. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé la mobilisation de 45 000 policiers et gendarmes ce soir. A Marseille et Lyon, les forces de l’ordre seront «considérablement» renforcées. La CRS 8, spécialisée dans les violences urbaines, sera déployée à Lyon et trois compagnies de CRS, soit 200 agents, envoyées à Marseille.
«L’ambiance était très familiale». Le jeune Nahel a été inhumé samedi au cimetière du Mont-Valérien à Nanterre en présence de sa mère, sa grand-mère et de plusieurs centaines de personnes venues lui rendre hommage. La cérémonie s’est terminée vers 17h30 et s’est déroulée de façon «très calme, dans le recueillement et sans débordement», a rapporté un témoin à l’AFP, selon qui «l’ambiance était très familiale». De très nombreux jeunes étaient présents.
Gérald Darmanin remonte les bretelles aux parents. En déplacement à Dreux, le ministre de l’Intérieur s’aligne avec les propos tenus par le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti et s’adresse aux parents : «Quand on a 12 et 13 ans, il y a un travail des parents qui est incontestable. Je veux leur dire qu’ils ont une responsabilité» et qu’ils vont se «faire condamner» parce que leurs enfants ne sont pas chez eux à 3 heures du matin. «Sur les 2000 interpellations, l’âge moyen est de 17 ans», affirme Gérald Darmanin devant les caméras.
Apaiser Marseille. Après une nuit de violences urbaines à Marseille, le maire de la ville, Benoît Payan, a demandé à l’Etat de «prolonger la période des soldes, le temps qu’il faudra» pour soutenir les commerçants. L’un des plus emblématiques groupes de supporters de l’Olympique de Marseille, le «South winners 1987», a réagi à son tour et a lancé un appel à l’apaisement via un communiqué de presse. Il demande aux «jeunes» de faire preuve de «sagesse» et de «cesser immédiatement ces actes de destruction». Lors de cette rarissime prise de parole politique, le groupe condamne «avec fermeté ces actes de vandalisme» : «En agissant de la sorte, vous salissez la mémoire de ce jeune adolescent».
Renforts pour Lyon et Marseille. Ce sont les deux villes qui ont été le plus durement touchées par les violences urbaines dans la nuit de vendredi à samedi. A Marseille, des renforts de CRS et des blindés sont attendus. Des éléments de la CRS 8, spécialisée dans les émeutes urbaines, ont également été dépêchés à Lyon.
Dupond-Moretti fustige les réseaux sociaux et en appelle à la responsabilité parentale. En déplacement à Créteil, le ministre de la Justice a blâmé l’utilisation des réseaux sociaux par les jeunes lors des émeutes de ces quatre dernières nuits. «Si vous balancez des trucs sur Snapchat, le compte, on va le péter, vous serez retrouvé et sanctionné», tonne le garde des Sceaux, sans se soucier de la faisabilité technique ou du ridicule de ses propos. Il est revenu sur sa circulaire du ministère de la Justice diffusée vendredi, dans laquelle il appelle à «la responsabilité des parents» des mineurs prenant part aux dégradations. «Pour tous ceux qui sont en capacité […] d’exercer l’autorité parentale, nous exigeons qu’ils tiennent leurs enfants. Et il existe une infraction que le Code pénal punit de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende, chaque fois que les parents, par leur désinvolture coupable, mettent en péril l’éducation, la moralité et la sécurité de leurs enfants», a-t-il fait valoir. Selon ses chiffres, 30 % des interpellés ces derniers jours sont mineurs impliqués dans les violences urbaines.
Le maire d’Evreux demande à Emmanuel Macron de faire intervenir l’armée. Dans une lettre adressée au président de la République, Guy Lefrand, maire d’Evreux (Eure) n’y est pas allé par quatre chemins. «Depuis de trop nombreux jours déjà, le désordre s’est installé dans nos communes sur nos territoires. Auprès de nos habitants, désormais c’est le chaos chaque nuit», écrit-il. Il somme Emmanuel Macron de prendre toutes les dispositions possibles : «vous avez entre les mains les compétences régaliennes qui vous permettent de faire cesser ce désordre républicain», y compris en faisant «intervenir la police» ou «intervenir l’armée». Le maire LR craint que «les citoyens, les habitants de nos communes» finissent par «s’armer et se préparer à se défendre eux-mêmes». En Normandie, la ville d’Evreux a été particulièrement touchée par les violences de ces quatre dernières nuits.
Marseille se blinde. La préfecture de police a annoncé un renfort massif de CRS, l’engagement des blindés et de deux hélicoptères de la gendarmerie après une nuit de vendredi à samedi particulièrement violente. Ces derniers, avec un avion de la police, survoleront la ville toute la nuit pour aider à repérer les incidents.
Transports à l’arrêt à Marseille, Saint-Etienne, Strasbourg… En plus de la région Ile-de-France, plusieurs grandes villes font tout pour limiter les déplacements des habitants. Dans la métropole d’Aix-Marseille, les transports en commun seront à l’arrêt dès 18 heures ce samedi. Les réseaux interurbains s’arrêteront, eux, à 15h30, tout comme le service de vélo en libre service et les 35 parkings gérés par la métropole à Marseille. A Saint-Etienne, les transports en commun «seront interrompus aujourd’hui à partir de 14 heures. Les commerçants sont invités à fermer leur commerce», écrit la ville sur Twitter. La compagnie de transports de Strasbourg annule toutes ses dessertes depuis ce samedi midi, et aucune ligne de bus et de tramway ne circulera à partir depuis 13 heures. A Lyon, les bus seront fermés respectivement à partir de 20 heures et 19 heures. La ville a demandé aux opérateurs «de retirer les trottinettes en libre-service dans le centre-ville et dans certains quartiers» pour qu’elles ne soient pas utilisées «comme des armes par destination pour briser les vitrines».
Le Maire dénonce des destructions de biens «intolérables» . A la sortie d’une réunion avec les commerçants et les assureurs, le ministre de l’Economie a fait un bilan sur les dégâts causés par les violences urbaines de ces quatre derniers jours. Selon son décompte, une dizaine de centres commerciaux, 200 enseignes de grande distribution, 250 bureaux de tabac, 250 agences bancaires ont subi des dégradations. Il évoque également de nombreuses enseignes de la mode, du sport et de la distribution rapide. «Je condamne avec une grande fermeté ces actes inexcusables, inqualifiables et intolérables». En réponse, le gouvernement demande aux assurances d’indemniser le plus rapidement les commerçants et de baisser les franchises et d’indemniser rapidement. Il annonce également «des reports de paiement de charges sociales ou fiscales» pour tous les entrepreneurs «en difficulté». La période des soldes pourrait être prolongée d’une semaine.
Obsèques dans le calme à Nanterre. Sa mort a embrasé les quartiers populaires et braqué les regards sur la France mais samedi, les craintes de débordement ont été déjouées sur le terrain. Les obsèques du jeune homme de 17 ans, décrit par ceux qui l’ont connu comme un «gars tranquille», parfois «borderline». Après une cérémonie au funérarium et à la mosquée de Nanterre, il a été inhumé au cimetière du Mont-Valérien dans la plus stricte intimité. Elle s’est déroulée dans un climat de vives tensions entre des groupes de jeunes et la presse, dont la présence avait été proscrite par la famille et l’entourage de la victime.
«Dans ce merdier, des gens y croient encore». La maire de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), Catherine Arenou, estime que «la révolte des 13-15 ans, -car c’est de cette tranche d’âge dont il est question-, elle est normale». Elle explique que ces jeunes «sont dans l’émotion, dans la révolte permanente». Au milieu d’une situation «triplement désespérante», Catherine Arenou salue les efforts des parents d’élèves qui se mobilisent notamment pour protéger les écoles : «Je leur dis bravo. Dans ce merdier, des gens y croient encore». A lire sur le site de Libé.
Sur la route du Tour de France, au Pays basque espagnol.