En résumé :
- Venu de la droite et présent au gouvernement depuis huit ans, Sébastien Lecornu a pris ses fonctions à Matignon mercredi après une courte cérémonie de passation de pouvoirs avec François Bayrou, mercredi à la mi-journée, en plein mouvement Bloquons tout.
- Toute la journée ce jeudi, le nouveau Premier ministre a multiplié les consultations pour trouver un compromis permettant la formation d’un gouvernement et l’adoption d’un budget.
- Les socialistes ont assuré qu’ils ne participeraient pas au gouvernement et qu’ils pourraient le censurer si Macron ne lâche pas sur les grandes fortunes.
- Le déroulé de la journée politique de mercredi est à retrouver ici.
Un virage est en train de s’opérer en macronie, menacée d’une censure du PS sur le prochain budget. Tout en cherchant à ne pas sacrifier la sacro-sainte politique de l’offre mise en œuvre depuis sept ans, les soutiens du chef de l’Etat se disent prêts à avancer sur la taxation des hauts patrimoines. Mais à gauche, la méfiance reste de mise. A lire ici.
Après Marine Le Pen, le président du RN a reconnu à son tour ce mercredi soir, sur le plateau de l’émission L’Evènement de France 2, avoir assisté à «un dîner organisé par monsieur Lecornu, avec des chefs de partis politiques». «On a le droit de se parler, on a le droit d’échanger des arguments», a plaidé Jordan Bardella. Et celui-ci d’enchaîner : «ça m’arrive de prendre des cafés avec des journalistes pour leur donner mes décryptages de la situation politique. Il n’y a rien de plus normal dans une démocratie, on a le droit de se parler». Seulement quelques secondes avant, ce même Bardella avait toutefois fait mine de se questionner : «quand un journaliste du service public sur France Inter prend des petits déjeuners avec des responsables du Parti socialiste pour parler de la stratégie électorale, vous ne trouvez pas qu’il y a un sujet ?» Faites ce que je dis, pas ce que je fais ?
Invitée sur le plateau du JT de 20 heures TF1 ce jeudi, la patronne du RN a dit qu’elle n’a «pas encore été contactée» par le nouveau Premier ministre, qui a pourtant déjà reçu les chefs à plume du socle commun et a appelé le socialiste Olivier Faure. En cas d’invitation, elle a assuré qu’elle se rendra «bien sûr» à Matignon : «on a toujours répondu aux invitations républicaines lorsqu’elles sont formulées». Questionnée par Gilles Bouleau sur son dîner secret avec Sébastien Lecornu, révélé par Libération, Marine Le Pen a admis ces agapes, affirmant aussi qu’elle «dîne avec énormément de responsables politiques». Sans faire plus de sentiment, la cheffe du parti d’extrême s’est empressée de mettre le nouveau chef du gouvernement sous pression : «Il faut une rupture avec le macronisme. C’est la rupture ou la censure». Lors de sa prise de pouvoir, mercredi, Sébastien Lecornu s’est engagé à opérer «des ruptures sur le fond».
Sébastien Lecornu prend ses fonctions dans un moment de forte défiance entre la sphère sociale et celle du pouvoir. A une semaine d’une journée de mobilisation intersyndicale, la CFDT affirme qu’elle ne participera pas à un nouveau «conclave» et demande la suspension de la réforme de 2023. A lire ici.
Si nous sommes en blocage politique avec une succession inédite de Premiers ministres, c’est parce que les majorités politiques n’ont plus de socle électoral, ces bases rétrécissant depuis des décennies, analyse Mathieu Gallard, directeur d’étude chez Ipsos. La proportionnelle, en poussant les dirigeants politiques à adopter des stratégies de coopération plutôt que d’affrontement, apparaît comme une solution démocratique. A lire ci-dessous :
Le syndicat, qui semblait prêt à avaler les 64 ans à condition d’une reconnaissance collective de la pénibilité, a durci le ton ce jeudi, au moment où Sébastien Lecornu envisage de rouvrir le dossier. Lire notre article.
Selon une information de Paris Match, le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, a rencontré l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy ce jeudi matin. Une source citée par le journal précise que le chef de l’Etat définitivement condamné dans l’affaire Bismuth en décembre dernier a «apporté son soutien» à l’ex-ministre des Armées.
La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) s’est dite «convaincue» jeudi que les décideurs français chercheront à réduire l’incertitude, en pleine crise politique et budgétaire. «Je suis convaincue que les décideurs politiques prendront cela à cœur en cette période d’incertitude afin de réduire autant que possible cette incertitude», a déclaré Christine Lagarde en conférence de presse à la BCE, quelques jours après de la chute du Premier ministre français François Bayrou et au lendemain d’une journée de protestation dans tout le pays.
«Je n’ai pas d’autre envie que de rester au ministère de la Justice», a assuré mercredi le garde des Sceaux sortant Gérald Darmanin, qui se refuse à «faire du tourisme ministériel» alors que le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, doit former son gouvernement. «Je trouve que nous avons fait des choses utiles pour la Nation. […] Donc, oui, mon avenir, je le souhaite au ministère de la Justice», a également insisté Darmanin sur RTL.
Le Premier ministre va devoir «penser différemment» de son prédécesseur à Matignon pour la construction du budget, a estimé jeudi la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon, réclamant des mesures de «justice fiscale et sociale». «Si les totems et les dogmes restent du côté du gouvernement, ça n’avancera pas», a prévenu la dirigeante de la CFDT, au micro de France Inter. Le nouveau Premier ministre s’est entretenu mercredi avec les leaders de la CFDT et FO, ont fait savoir ces derniers. C’était un «échange très bref de prise de contact», a précisé Marylise Léon, à qui Sébastien Lecornu a dit qu’ils allaient «se voir rapidement».
Après avoir déjà rejeté ce matin, au micro de BFMTV, l’instauration d’une taxe Zucman - un impôt sur les plus hauts revenus qui est à l’inverse ardemment défendu par la gauche - le président du Sénat insiste encore. Ce projet de taxe de 2 % visant les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros n’est qu’une «illusion», estime-t-il sur X, «probablement inconstitutionnelle car confiscatoire». Selon lui, «elle ferait peser un risque d’exil fiscal, je pense notamment à des start-up françaises prometteuses, comme Doctolib ou MistralAI».
Le nouveau Premier ministre a promis «des ruptures» avec son prédécesseur, mercredi 10 septembre. Un grand classique des transitions en politique, tout particulièrement entre locataires de Matignon sous Macron.
Le député de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière était au micro d’ICI Paris Île-de-France ce jeudi matin. L’ancien insoumis qui siège aujourd’hui avec les écolos y a sévèrement critiqué la nomination «choquante» de Sébastien Lecornu à Matignon. Alors que LFI menace de censurer le troisième Premier ministre depuis la dissolution, le dissident s’est montré pessimiste quant à l’avenir du futur gouvernement, estimant que «les mêmes causes produisent les mêmes effets». Interrogé sur une potentielle participation au gouvernement, Alexis Corbière a balayé cette hypothèse. «Cela n’a aucun sens. Il ne me le proposera probablement pas, et de toute façon, je n’irai absolument pas. Qu’y ferais-je ?», s’est interrogé le fondateur de «L’Après», tout en plaidant pour un gouvernement de gauche.
A l’issue de sa réunion avec le nouveau Premier ministre au Palais Bourbon, Yaël Braun-Pivet, qui a partagé sur X une photo de cet entretien, a souligné que «notre pays traverse une période où les défis sont immenses». Et de poursuivre : «Les Français attendent que nous sachions unir nos forces plutôt que souligner nos différences. Au Premier ministre de créer cette dynamique.» La présidente de l’Assemblée nationale appelle ensuite les députés à «dépasser les clivages pour faire avancer notre pays».
L’émission «L’évènement», diffusée ce jeudi soir sur France 2, réunira en plateau le patron du Rassemblement national, Jordan Bardella ; l’insoumis Jean-Luc Mélenchon ; la ministre démissionnaire des Comptes publics Amélie de Montchalin et enfin la présidente de la région Occitanie, Carole Delga. L’émission sera consacrée à l’instabilité politique en France et à l’actuelle crise budgétaire.
Après avoir reçu à Matignon les chefs des partis du bloc central, le nouveau locataire de Matignon s’est entretenu au cours de la matinée avec Yaël Braun-Pivet. Sébastien Lecornu poursuit désormais sa «tournée républicaine» et se dirige vers le Palais du Luxembourg pour rencontrer Gérard Larcher, président du Sénat.
Si la composition du gouvernement se fait encore attendre, celle du cabinet de Sébastien Lecornu se dessine peu à peu. Un arrêté publié au journal officiel ce jeudi révèle que le nouveau Premier ministre a nommé Philippe Gustin directeur de cabinet. Les deux hommes travaillent ensemble depuis une décennie, du conseil départemental de l’Eure au ministère des Armées, en passant par les Outre-mer. Un autre fidèle du Normand arrive à Matignon en tant que chef de cabinet : Paul-Hugo Verdin, qui occupait déjà cette fonction aux Armées. Arrivé le 1er août dernier à ce poste, le général Jean-Christophe Béchon reste chef du cabinet militaire de Matignon. François Moreau et Victoire Perrin, déjà membres du cabinet de Lecornu, suivent leur patron pour devenir respectivement chef du pôle parlementaire et conseillère presse.
Invité de la matinale de TF1 ce jeudi matin, le patron des députés socialistes Boris Vallaud a confirmé que les roses iraient rencontrer le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, à Matignon. Mais, «si c’est pour discuter du budget de Bayrou, la discussion risque d’être courte», a prévenu le Landais. Ce dernier réclamant que le nouveau chef du gouvernement prenne «en considération les attentes des Français», sans quoi Sébastien Lecornu «s’exposerait aux mêmes sanctions que ces prédécesseurs». Comprendre : être renversé. Boris Vallaud a d’ailleurs assuré au sujet d’une motion de censure que les socialistes ne se privaient «d’aucun de [leurs] pouvoirs par avance». Le ton est donné.
Les socialistes ont assuré qu’ils ne participeraient pas au gouvernement et qu’ils pourraient le censurer si Macron ne lâche pas sur les grandes fortunes.
Sur le plateau de BFMTV, le président du Sénat a déclaré que même si «Olivier Faure a déjà dit que les socialistes ne seront pas au gouvernement» - le PS est «libre de soutenir» le contrat de gouvernement. Il s’est ainsi dit «persuadé» de «trouver des points d’équilibre» avec les groupes d’opposition. Larcher exclut cependant d’instaurer la taxe Zucman - réclamée par la gauche - la jugeant «inconstitutionnelle». Il adresse également une fin de non-recevoir à une suspension de la réforme des retraites.