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Tensions en Nouvelle-Calédonie : «Ce que le gouvernement est en train de faire, c’est détricoter l’accord de Nouméa»

Des violences et des affrontements touchent ce territoire français situé dans le Pacifique Sud depuis lundi alors que l’Assemblée nationale examine ce mardi 14 mai une révision constitutionnelle décriée par les indépendantistes.
Gabriel Attal à l'Assemblée nationale française à Paris, le 7 mai 2024. (Ludovic Marin /AFP)
publié le 14 mai 2024 à 11h35
(mis à jour le 14 mai 2024 à 22h24)

En résumé :

  • Des affrontements violents ont éclaté dans la nuit de lundi à mardi en Nouvelle-Calédonie, territoire français constitué de dizaines d’îles dans le Pacifique Sud, alors que l’Assemblée nationale examine à Paris une révision constitutionnelle décriée par les indépendantistes.
  • Le représentant de l’Etat dans l’archipel français du Pacifique sud, Louis Le Franc, a décrété le couvre-feu pour la nuit de mardi à mercredi de 18 heures à 6 heures du matin dans l’agglomération de Nouméa, la «capitale» du territoire.
  • La police a procédé à un total de 82 interpellations ces deux derniers jours, a détaillé Gérald Darmanin ce mardi devant la presse.
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L’élargissement du corps électoral enflamme l’Assemblée. Le projet de loi constitutionnelle, qui devrait être adopté ce mardi soir par les députés, a réveillé le spectre des violences des années 80 et entraîné la mise en place d’un couvre-feu à Nouméa. L’opposition dénonce un «passage en force» de la majorité. Lire notre analyse.

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«Ce que le gouvernement est en train de faire, c’est détricoter l’accord de Nouméa.» Selon Isabelle Merle, directrice de recherche au CNRS, la réforme du corps électoral néo-calédonien qui doit être approuvée ce mardi 14 mai réveille la mémoire douloureuse de la colonisation dans le territoire ultramarin, ce qui explique la colère et les manifestations. Lire notre interview.

il y a 463 jours

Après le «mouvement de protestation» dans le centre pénitentiaire de Camp-est de Nouméa, la situation reste confuse. Le Haut-Commissariat de la République évoque une «mutinerie». Sur des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, on peut voir des détenus cagoulés brandir des barres métalliques et se déplacer dans certains couloirs de la prison.

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Situation toujours tendue dans les rues désertes de Nouméa. Dans l’agglomération de Nouméa, la «capitale» du territoire français du Pacifique, le couvre-feu décrété par le Haut-commissaire de la République est entré en vigueur à 18h00 locales (09h00 à Paris). Sur fond sonore de cris et de détonation, quelques personnes ont osé braver l’interdiction, a constaté un correspondant de l’AFP sur place. A la tombée de la nuit, les actes de vandalisme ont repris de plus belle. Une grande enseigne de sport de la banlieue de Nouméa a été pillée.

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L’opposition de gauche veut repousser l’examen du texte. A l’inverse du gouvernement, qui entend mener l’examen de sa réforme «jusqu’à son terme», la gauche a quant à elle appelé à repousser l’examen du texte, ou même à le retirer. «L’apaisement ne peut passer que par un retrait du projet de loi constitutionnelle», a ainsi lancé le président du groupe communiste André Chassaigne.

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Les débats vont rependre à l’Assemblée nationale après la séance des questions au gouvernement, le vote sur la réforme attendu aujourd’hui. Sauf si les discussions s’étirent, le scrutin devrait intervenir à l’issue de l’examen des quelque 99 amendements restants. Le gouvernement insiste pour que l’examen aille «à son terme». Après celle du Sénat, l’approbation de l’Assemblée est nécessaire avant de réunir le Parlement en Congrès pour réviser la Constitution, à une date qui reste à fixer. «Un processus démocratique ne peut pas s’arrêter parce qu’il y a de la violence sur le terrain», plaidait ainsi mardi matin le président du groupe Renaissance Sylvain Maillard.

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A quoi serviraient une révision de la Constitution et le «dégel» du corps électoral ? Déjà votée par le Sénat au début du mois, une réforme constitutionnelle, afin de dégeler le corps électoral du scrutin provincial du territoire du Pacifique, est en cours de discussion à l’Assemblée nationale. Porté par le gouvernement, le texte exacerbe les tensions entre loyalistes et indépendantistes sur l’archipel. Pourquoi faut-il réviser la Constitution ? Que réclament les mouvements indépendantistes de l’archipel ? Notre décryptage.

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«J’appelle à la raison, j’appelle au calme toute la population de la Nouvelle-Calédonie», avance le président du gouvernement de l’île. «Je demande aux responsables politiques indépendantistes et non indépendantistes de ne pas verser dans la surenchère au nom de certains idéaux, qui ne peuvent remplacer aucunement le besoin que nous avons de construire la paix et la Nouvelle-Calédonie de demain», poursuit Louis Mapou, interrogé par la chaîne de télévision Nouvelle-Calédonie la 1ère.

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Gérald Darmanin défend le dégel du corps électoral, une «nécessité démocratique». Interrogé également par des députés, le ministre de l’Intérieur a défendu le projet de loi : «Ce dégel est une nécessité démocratique [et] juridique.» Le patron de Beauvau confirme également que des renforts de police sont envoyés en Nouvelle-Calédonie. Le ministre a également dénoncé les menaces à l’encontre des députés du territoire Philippe Dunoyer, Nicolas Metzdorf et le père de Sonia Backès, ancienne secrétaire d’Etat et présidente de la province Sud. «Ce n’est pas des méthodes politiques que de mettre une pression sur des femmes et des hommes.» Face aux députés, Darmanin a également annoncé que le président de la République et le Premier ministre écriront à «toutes les parties calédoniennes pour les inviter dans les prochains jours à Paris» afin de «trouver un accord global pacifique». Par Victor Boiteau.

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Gabriel Attal à l’Assemblée : «L’important, c’est l’apaisement.» Le Premier ministre était interrogé dans l’hémicycle sur les tensions en Nouvelle-Calédonie, à quelques heures du vote des députés sur la révision constitutionnelle prévoyant le dégel du corps électoral. «Le dégel du corps électoral est un enjeu démocratique majeur, incontournable, a déclaré le Premier ministre. Notre volonté unique c’est de trouver un accord politique global, le plus large possible, avec les indépendantistes et les non indépendantistes. Cet accord passera par le dialogue, par la discussion avec toutes les parties prenantes.» Le locataire de Matignon a également indiqué que le Congrès ne serait pas convoqué «immédiatement à l’issue des débats» à l’Assemblée, et appelle les parties prenantes à «saisir la main tendue» du dialogue. L’opposition socialiste, communiste, et insoumis ont de leur côté réclamé le retrait du projet de loi. «En Kanaky-Nouvelle Calédonie la situation était prévisible et vous ne l’avez pas empêché», a tonné André Chassaigne, président du groupe communiste. «Chaque minute qui passe nous éloigne de ce qui a fait la force d’un processus de décolonisation partagé [...] celle du dialogue et du consensus», a ajouté le socialiste Arthur Delaporte. La cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot a exhorté à son tour le Premier ministre de reprendre la main sur le dossier calédonien : «M. le Premier ministre, préservez la paix civile.» Par Victor Boiteau.

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Mutinerie en cours à la prison de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie. Selon les informations de Nouvelle-Calédonie la 1ère, une mutinerie a démarré en ce début de soirée au centre pénitentiaire de Camp-Est, situé dans la capitale. Une intervention de la police nationale est en cours, confirme le média. Ce lundi 13 mai, une prise d’otages s’était tenue dans cette même prison. Un surveillant pénitentiaire avait été grièvement blessé, alors qu’il était pris en otage avec deux autres collègues. Le Raid était intervenu pour les libérer.

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Jean-Luc Mélenchon critique la méconnaissance du gouvernement sur ce territoire. «Des gouvernants sans compréhension de l’histoire des peuples de la Grande Terre et des îles Loyauté ont joué avec les allumettes en méprisant les Kanaks (...) La Calédonie Kanaky est en feu», s’est alarmé sur X le leader de la France insoumise.

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Le Premier ministre annule un déplacement sur les accidents du travail, «compte tenu de l’actualité». Le Premier ministre, Gabriel Attal, et la ministre du Travail, Catherine Vautrin, devaient se rendre ce mardi après-midi dans l’Essonne pour y faire des annonces sur la prévention des accidents au travail, attendues depuis des mois par les syndicats. Mais ce déplacement a finalement été reporté, «compte tenu de l’actualité, notamment la Nouvelle-Calédonie et l’attaque d’un convoi dans l’Eure», selon Matignon. Le Premier ministre va se rendre à la séance de questions au gouvernement prévue à l’Assemblée nationale.

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Le chef du principal parti indépendantiste appelle au «calme» et demande au gouvernement «de rapatrier ses cowboys policiers et militaires». Le président du principal parti indépendantiste de Nouvelle-Calédonie appelle la jeunesse «à garder son calme» et à «rentrer chez elle» en condamnant les violences. «Les troubles de ces 24 dernières heures révèlent la détermination de nos jeunes de ne plus se laisser faire par la France», a aussi réagi dans un communiqué le président de l’Union calédonienne, Daniel Goa, mettant en garde : «La situation risque d’empirer.» «Ce sont simplement de jeunes adolescents qui veulent crier leur soif de liberté, de dignité et qui veulent une égalité des chances», estime le chef de la principale composante du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), demandant au gouvernement «de rapatrier ses cowboys policiers et militaires». Dans son communiqué, il multiplie les appels à la jeunesse «à garder son calme, à faire preuve de patience et à cesser toutes exactions, tous pillages qui ne nous honorent pas».

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A Nouméa : «Le corps électoral, il ne fallait pas y toucher.» 10 heures à Nouméa, 1 heure du matin à Paris. Une énorme colonne de fumée noire domine le quartier de Montravel. Incendiée dans la nuit de lundi à mardi 14 mai, comme plusieurs dizaines d’entreprises de l’agglomération de la capitale de la Nouvelle-Calédonie, une brasserie industrielle continue d’être rongée par les flammes. Postés sur la colline la plus proche, quelques dizaines d’habitants attendent le moment fatidique où le feu atteindra les cuves d’hydrogène. Dans l’usine se trouvent encore de jeunes militants indépendantistes, que les autorités urgent de fuir les lieux. Pour l’heure, les explosions sont celles des grenades fumigènes et de désencerclement : à Montravel, et dans le quartier voisin de la vallée du Tir, des affrontements entre émeutiers et forces de l’ordre durent depuis lundi soir. Le reportage de notre correspondant sur place.

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Des moyens de police supplémentaires déployés en Nouvelle-Calédonie. Mardi soir deux escadrons du GIGN se sont rendus en Nouvelle-Calédonie en provenance de Polynésie française. Ils se sont immédiatement positionnés sur le terrain à la demande du ministère de l’intérieur. Gérald Darmanin, qui condamne «de façon extrêmement forte» les violences en cours, qualifiées «d’émeutes commises par des délinquants, parfois des criminels», a également affirmé que quatre escadrons de gendarmerie mobile vont être déployés en renfort. Ils sont partis «ce mardi matin pour Nouméa» (heure de Paris, soit dans la soirée en Nouvelle-Calédonie). Gérald Darmanin fait état d’un total de 82 personnes interpellées ces deux derniers jours lors des violences survenues sur «le Caillou». «Des familles de gendarmes ont été évacuées», s’est également indigné le ministre, comptabilisant 54 gendarmes et policiers blessés.

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Le vote sur la réforme constitutionnelle toujours prévu ce mardi à l’Assemblée. La conférence des présidents de l’Assemblée nationale a décidé ce mardi que le vote sur le projet de réforme constitutionnelle concernant la Nouvelle-Calédonie resterait à l’ordre du jour de la journée, malgré la vague de violences dans l’archipel. Alors que des parlementaires d’opposition plaidaient pour un report au mercredi, voire un retrait du texte, le vote aura lieu dès la fin de l’examen de la petite centaine d’amendements encore au programme selon une source parlementaire.

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A l’Assemblée, les insoumis réclament le retrait du projet de loi. Déjà à la manœuvre lundi dans l’hémicycle pour s’opposer fermement à la révision constitutionnelle, le groupe LFI a réclamé ce mardi matin le retrait du projet de loi, après les violences sur «le Caillou». «La paix en Nouvelle-Calédonie est précieuse est fragile», a déclaré la présidente du groupe, Mathilde Panot, lors de sa conférence de presse hebdomadaire. «Le gouvernement essaie de passer en force sur la question du dégel électoral», dénonce également Bastien Lachaud, orateur du groupe pour le texte. Les insoumis, comme les socialistes, plaident pour la mise en place d’une «mission du dialogue» dans l’archipel, composé d’interlocuteurs le plus neutre possible, afin d’apaiser les tensions. Bastien Lachaud prévient : «Tous les ferments d’une résurgence des événements [des années 1980] sont là. C’est au gouvernement de prendre ses responsabilités et d’agir. La répression n’est pas une solution.»

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A Nouméa, des habitants se barricadent avant le couvre-feu. Craignant une nouvelle nuit de violences, certains quartiers résidentiels de la ville s’organisent en groupes de voisins sur WhatsApp ou Facebook pour assurer la sécurité de leurs habitations. Selon le quotidien les Nouvelles calédoniennes, plusieurs dizaines de résidents de la presqu’île d’Ouémo ont mis en place un barrage filtrant à l’entrée de leur quartier. Seuls les habitants des quartiers sont autorisés à passer le barrage fait de barrières, de pneus et de véhicules stationnés. Certains, cagoulés voire armés de pied de biche, de batte ou de clubs de golf, ne comptent pas respecter le couvre-feu qui a pris effet à 18 heures (9 heures à Paris). «Je ne suis pas violent, mais au bout d’un moment on est obligé de se défendre comme on peut, on n’a pas le choix», se justifie un habitant.

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Que prévoit le projet de loi constitutionnel qui a mis le feu aux poudres ? Technique et juridique, le texte du gouvernement revêt un enjeu politique central pour l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, déjà au centre des violents affrontements de la décennie 1980. Qui, dans ce territoire du Pacifique peuplé de Kanaks et de descendants de colons et de bagnards, peut se prononcer lors des scrutins locaux, dits provinciaux (la Nouvelle-Calédonie comptant trois provinces) ? Depuis 1998 et la signature des accords de Nouméa, seuls les citoyens résidant depuis plus de dix ans en Nouvelle-Calédonie, et inscrits sur les listes électorales à cette époque, peuvent voter aux provinciales. On parle d’un corps électoral «gelé» qui, de facto, exclut du vote des résidents arrivés sur l’archipel après 1998. Le projet de loi prévoit de «dégeler» ce corps, en supprimant la mention de 1998, tout en gardant la durée de dix ans de résidence. Cette évolution permettrait à un électeur sur cinq de pouvoir s’exprimer aux élections provinciales. Le camp loyaliste, soutenu par le gouvernement, voit dans cette évolution la correction d’une anomalie démocratique. A l’inverse, les indépendantistes voient dans cette évolution le risque d’une «colonisation» de leur territoire, par des électeurs arrivés après 1998, et plutôt favorables au maintien de la Nouvelle-Calédonie dans le giron de la République. Opposés au projet de loi, les députés de gauche plaident, eux, pour la conclusion d’un «accord global» entre les parties concernant le futur statut du territoire. Et ce, avant tout dégel du corps électoral.