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Drogues

En France, un adulte sur dix a déjà consommé de la cocaïne

Une étude de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), publiée ce mercredi 26 juin, montre que le taux d’expérimentation de cette drogue a presque doublé en 7 ans. En cause : une disponibilité toujours plus grande et une multiplication des usages.
A propos de la cocaïne, Guillaume Airagnes, le directeur de l'OFDT, souligne «la démocratisation de l’usage avec une plus grande variété de types de consommation : festive, mais aussi dans des métiers où la pénibilité est forte». (Stéphane Lagoutte/Myop pour Libération)
publié le 26 juin 2024 à 9h00

Un chiffre en nette augmentation, qui dit l’accessibilité toujours plus grande de cette drogue. En France, près d’un adulte sur dix (9,4 %) a déjà pris au moins une fois dans sa vie de la cocaïne, selon une étude de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), contre 5,6 % en 2017. Cette enquête, publiée ce mercredi 26 juin à l’occasion de la Journée mondiale contre l’abus et le trafic de drogues, a été réalisée au cours de l’année 2023 sur le territoire hexagonal, sur un échantillon représentatif de 14 984 personnes âgées de 18 à 75 ans.

«La cocaïne est de plus en plus disponible. L’offre a beaucoup augmenté, avec des saisies records, dans un contexte de production en hausse considérable, un prix qui stagne - entre 60 et 70 euros le gramme - alors que la pureté augmente», rappelle Guillaume Airagnes, directeur de l’OFDT. La même année, 27,7 tonnes de poudre blanche ont été interceptées en France, selon le dernier bilan des autorités, un chiffre multiplié par cinq en dix ans. Quant à la Colombie, premier producteur mondial, le pays a battu en 2022 un nouveau record avec 1 738 tonnes de cocaïne fabriquées.

Deux fois plus d’hommes que de femmes

En regard de cette offre qui ne cesse d’augmenter, Guillaume Airagnes souligne «la démocratisation de l’usage avec une plus grande variété de types de consommation : festive, mais aussi dans des métiers où la pénibilité est forte». De quoi participer aussi à la hausse de la consommation.

L’étude détaille également les profils de ces usagers : en 2023, les hommes sont 2,5 fois plus nombreux à l’avoir déjà expérimenté que les femmes (13,4 % contre 5,5 %). Les classes d’âge les plus concernées par l’expérimentation sont les 25-34 ans (13,9 %) et les 35-44 ans (13,8 %).

Si la consommation de la poudre blanche a explosé en France en 2023, elle ne dépasse toutefois pas celle du cannabis, qui reste la drogue illicite la plus consommée dans le pays avec un adulte sur deux l’ayant déjà expérimenté en 2023 (50,4 %), pour une consommation régulière à 3,4%. Sa diffusion n’a cessé de progresser, avec un prix entre 8 et 10 euros le gramme, respectivement pour la résine et l’herbe. Quant aux profils des consommateurs, l’étude précise que «même si les jeunes adultes restent les plus concernés, c’est dans cette tranche d’âge que les niveaux de consommation diminuent alors qu’ils augmentent chez les plus âgés».

L’étude de l’OFDT inclut pour la première fois les usages de kétamine, de 3MMC et de GHB/GBL, trois produits de synthèse souvent prisés dans les pratiques de «chemsex», afin de décupler le plaisir sexuel, l’excitation ou l’endurance. L’expérimentation de la kétamine, un anesthésiant détourné à des fins récréatives, atteint 2,6% chez les adultes de 18 à 64 ans et concerne majoritairement les jeunes de 25 à 34 ans (4,8%). Pour la 3MMC (cathinone de synthèse) et le GHB-GBL (un anesthésique et un solvant industriel, tous deux détournés de leur usage d’origine), les taux d’expérimentation sont inférieurs à 1%.