Quatre personnes, dont deux mineurs, ont été arrêtées ce mardi 6 mai au matin dans cette nouvelle affaire de violence contre les élus locaux. Anthony Rolland, conseiller municipal de la petite commune de Gauriaguet, en Gironde, a été violemment pris à partie samedi en fin d’après-midi alors qu’il s’était adressé à «plusieurs individus effectuant un rodéo urbain», leur demandant de «cesser cette activité», selon le procureur de la République de Libourne, Loïs Raschel, dans un communiqué. Une enquête a été ouverte dimanche par le parquet.
Les investigations ont conduit au placement en garde à vue de deux mineurs de 15 et 17 ans et deux majeurs de 18 et 21 ans, a précisé le procureur ce mardi matin dans un court communiqué. On ignore encore de quoi ils sont soupçonnés exactement.
L’élu était venu à la rencontre d’une «quinzaine de motards», sur le terrain de sport de ball-trap de la commune, après avoir failli se faire renverser par une moto, un peu avant 18 heures dans une rue du village, selon ses propos dimanche dans le quotidien régional Sud Ouest. Il décide de les suivre pour «remettre un peu d’ordre, comme [il] le fait régulièrement avec des jeunes [qu’il] connaît».
Le ton monte et l’élu indique avoir ensuite été «violemment frappé par l’un d’entre eux avec un objet métallique», écrit le magistrat. Une fois au sol, il est ensuite roué de «nombreux coups» avant de perdre connaissance, selon la même source. «J’étais sonné, je ne me souviens pas de tout, mais au réveil j’avais mal partout, comme après un match de rugby particulièrement musclé» explique l’élu auprès du journal local. Il ajoute s’être réveillé couvert de sang.
L’élu est dans la foulée transporté aux urgences. Il souffre de fractures à l’arcade, au nez et à la pommette droite, et écope d’une incapacité totale de travail de dix jours.
«Je ne pensais pas que je pouvais être attaqué dans ma commune»
L’enquête a été confiée à la brigade territoriale autonome de Saint-André-de-Cubzac et à la brigade de recherches de Blaye. «D’importants moyens ont été déployés pour identifier rapidement les auteurs des faits», affirmait encore le parquet. «J’ai besoin de savoir qui c’est, a expliqué dimanche soir l’élu au micro d’Ici Gironde (ex-France Bleu), et de savoir avec quoi ils m’ont frappé. C’est très déroutant, je pense que ce sont des jeunes qui viennent de l’extérieur car je ne les connais pas. Je ne pensais pas que je pouvais être attaqué dans ma commune.»
Le maire de Gauriaguet, Alain Montangon, fait lui aussi entendre sa colère. «Mon collègue est traumatisé. Ce sont des faits très graves. Anthony Rolland n’a pas été juste insulté, comme cela arrive souvent, ni même giflé. Il a été frappé avec un objet contondant avec l’intention de blesser. Voire pire !» fustige l’édile auprès de Sud Ouest. Auprès de RMC, il abonde : «Je pense qu’on est passé juste à côté du meurtre. Ces petits voyous, ce sont des hordes sauvages.»
Après cet incident, Anthony Rolland a reçu de nombreux messages de soutien de la part d’autres élus. Jean-Marie Vilain, maire de Viry-Châtillon lui aussi victime de violence, a ainsi dénoncé sur X «ces violences contre des élus», qui «doivent cesser et, pour ce faire, être sévèrement et rapidement sanctionnées par la justice».
En mars 2024, le Parlement a adopté une loi visant à mieux protéger les représentants locaux contre les violences. L’une des mesures phares du texte est l’alignement des sanctions sur celles prévues pour des violences à l’encontre de dépositaires de l’autorité publique, comme les policiers.
Mise à jour : ce mardi 6 mai à 9h30, avec l’ajout du placement en garde à vue de quatre personnes.