Sur la ligne aérienne Cayenne-Orly, le voyageur imaginatif aime à se livrer à un petit jeu : subodorer qui dans l’avion est une «mule», ces personnes qui transportent sur elles – ou plus souvent en elles – jusqu’à deux kilos de cocaïne. Les services de douane en ont interpellé 1 200 en 2019 (contre 88 en 2010), et le procureur de la République à Cayenne estime qu’il y en aurait entre six à dix par vol. Depuis la répression massive qui a touché la route entre le Suriname voisin et les Pays-Bas à la fin des années 2000, la Guyane est devenue une des principales routes d’importation de la poudre blanche en Europe. 15 à 20% des entrées de cocaïne dans l’Hexagone y transiteraient, selon un rapport du Sénat publié en septembre 2020.
Connue pour ses «mules», la Guyane l’est moins pour ses consommateurs, en augmentation ces dernières années. Outre l’abondance du produit et ses prix de vente défiant toute concurrence (5 000 euros le kilogramme contre 33 500 en métropole en 2020, selon l’OFDT), cette région française ultramarine est un territoire marqué par une grande précarité sociale, qui s’est encore aggravée avec la pandémie de Covid-19. Mais la cocaïne a deux faces. Côté pile, le