Dans les rues de chaque ville loge un mystère. Celui de Trignac (Loire-Atlantique) s’est révélé en février, lorsque des cambrioleurs ont forcé la porte d’un vieux bâtiment et ont dérobé 250 oiseaux empaillés. Des petits, des grands, du butor étoilé à la grue, toute une collection d’oiseaux envolée. Pourquoi ? Pour qui ? Quatre mois après les faits, aucune réponse ne peut expliquer la disparition d’une des fiertés de la ville, et les Trignacais se perdent toujours en conjectures.
Au centre de cette affaire, on trouve une figure du milieu ouvrier : Jo Patron. Né en 1930, d’origine vendéenne, ce terrassier s’installe dans les années 50 à Saint-Nazaire. «La première fois que je l’ai vu, il creusait une fosse sous le soleil avec une pelle. Un athlète», se rappelle le syndicaliste Bernard Vauselle.
Patron, ce syndiqué
Jo Patron est affilié à la CGT, Union locale de Saint-Nazaire, mais il suit aussi une autre voie : celle de la prêtrise. Il vit dans le quartier de Méan, dont il est proche de la paroisse, avec trois autres prêtres ouvriers. A la maison, sa mère nourrit toutes ces soutanes qui se lèvent aux aurores pour turbiner sur les chantiers. «A la CGT, on était anticuré, continue Vauselle. Mais Jo était très apprécié. Il officiait surtout pour d’autres travailleurs : mariages, enterrements…»
Puis Jo déménage à Trignac, banlieue rouge de Saint-Nazaire, et, en 1972, devient permanent CGT, «en charge des revendications et des mobilisations», se rappelle Vauselle. «Un homme