Ils étaient à peine une centaine, vendredi, devant le tribunal de Fort-de-France. Une mobilisation timide, onze jours après l’ordonnance de non-lieu rendue par deux juges du pôle de santé publique du tribunal judiciaire de Paris dans l’affaire du chlordécone, ce pesticide utilisé dans les bananeraies de l’île entre 1972 et 1993, résistant dans les sols et très toxique. Les grilles du palais de justice sont couvertes de banderoles et de drapeaux indépendantistes. A l’entrée, du fumier, de la terre et des déchets végétaux ont été éparpillés devant un escadron de gardes mobiles impassibles. La colère s’entend à chacune des prises de parole des manifestants.
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Pour Alex Granville, du «Komité 13 janvié 2020», l’un des organisateurs, il fallait absolument réagir et marquer le coup. Ce rassemblement est pour lui un premier pas pour sensibiliser la population face à un Etat «colonialiste», dont le Président lui-même a reconnu la responsabilité dans l’affaire. En effet, lors d’un déplacement en Martinique en 2018, Emmanuel Macron avait déclaré : «Nous avons collectivement choisi de continuer à utiliser la chlordécone, là où d’autres territoires avaient cessé beaucoup plus tôt. L’Etat doit prendre sa part de responsabilité dans cette pollution et doit avancer dans le chemin de la réparation et des projets.» «Ce non-lieu est donc une hypocrisie, le dossier a été bâclé et la procédure d’instruction n’a jamais commencé», soupire Alex Granville.
Yvon Sérénus, le président