Trois jours que Sylvie (1) n’est pas sortie de chez elle. Dans son quartier de Portes de Fer, à Nouméa, «tout a brûlé», se désole-t-elle : les véhicules garés devant les bâtiments, l’église, et jusqu’à l’école maternelle qu’elle aperçoit depuis sa fenêtre. «Je suis enfermée chez moi. J’entends des explosions, des détonations. La nuit, je ne dors pas parce que je veille. J’ai peur», raconte par téléphone cette Kanake d’une cinquantaine d’années. Pour la troisième journée consécutive, mercredi 15 mai, la capitale du territoire ultramarin a été le théâtre d’émeutes et d’affrontements violents entre les manifestants et la population ou les forces de l’ordre.
Analyse
A l’origine de la colère : la volonté de l’exécutif français d’élargir le corps électoral territorial provincial, spécifique aux scrutins locaux et gelé à la suite de l’accord de Nouméa signé en 1998. Vivement contestée par les indépendantistes qui y voient une prolongation de la domination coloniale sur l’archipel, la réforme constitutionnelle