C’est une première en France. A Seine-Port (Seine-et-Marne), les habitants se sont rendus aux urnes ce week-end pour un vote très spécial : l’interdiction ou non du téléphone portable dans certaines zones de l’espace public. Plus exactement : dans les commerces, devant les écoles, simplement en marchant dans la rue ou lorsque plusieurs habitants se trouvent retrouvent dans un espace public ou associatif. De ce fait, la municipalité souhaite diminuer l’exposition aux écrans, en particulier pour les jeunes.
Dans cette commune de près de 2 000 habitants, ils sont près de 20 % à avoir voté samedi 3 février, dont 54 % en faveur de la charte communale. Qui reste une charte : il n’y aura pas de sanction juridiquement possible si les seine-portais ne respectent pas les nouvelles consignes.
Décryptage
Dans une interview à 20 Minutes en octobre, le maire (LR) Vincent Paul-Petit expliquait : «Le but est surtout d’aider les parents qui pourront dire à leurs enfants : le maire a dit que c’est interdit. Il y aura comme une autorité externe sur laquelle ils pourront s’appuyer. Un adulte peut regarder ce qu’il veut dans la rue, ce n’est pas le problème, mais si on veut aider nos enfants, il faut nous y mettre nous aussi. Donc on pourra demander son chemin plutôt que d’utiliser une carte en ligne.»
La charte, établie par des enseignants, des professionnels de santé et des élus, incite en plus les parents à supprimer l’usage des écrans le matin, à table ou encore le soir avant de se coucher. En contrepartie, la commune s’est engagée à créer un espace sportif et un ciné-club pour enfants et ados.
La nouvelle mesure divise. Dans le Parisien, certains habitants déplorent des «enfants lobotomisés par leur smartphone qui les coupe de la réalité, du lien avec leur famille». Une institutrice affirme constater au quotidien les «ravages des écrans chez les petits de 3 ans», qui, parfois, «ne savent pas utiliser leurs doigts, empiler les cubes, baisser leur pantalon pour faire pipi». D’autres au contraire, critiquent une atteinte aux libertés publiques. Un juriste pointe auprès du journal que «ce n’est pas au maire d’intervenir, son arrêté n’a pas de valeur».