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Tensions

En Sologne, des chasseurs fortunés s’accrochent à leurs parcs grillagés au mépris de la loi

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Malgré une nouvelle loi limitant l’engrillagement des propriétés privées, plusieurs grands propriétaires continuent de clôturer leurs domaines pour y pratiquer la chasse. Un mépris dénoncé par les défenseurs de la nature, pour qui ces grillages «défigurent le paysage».
Sur ce territoire naturel entre le Cher, le Loir-et-Cher et le Loiret, on compte 5 000 kilomètres linéaires de clôtures (Jean-Michel Turpin/Divergence)
publié le 13 décembre 2023 à 17h52

Le décor bucolique du Grand Meaulnes a pris des airs de prison à ciel ouvert. Malgré la loi Cardoux du 2 février 2023 limitant l’engrillagement des propriétés privées, dont les décrets d’application sont encore en attente, la tension persiste en Sologne entre une douzaine de grands propriétaires et défenseurs de la nature. Sur ce territoire naturel entre le Cher, le Loir-et-Cher et le Loiret, on compte 5 000 kilomètres linéaires de clôtures, pouvant attendre jusqu’à 2 mètres de hauteur. La majorité ont été posées au cours des vingt dernières années autour de domaines privés pouvant couvrir des milliers d’hectares, et il s’en installe encore au mépris de la loi. La plupart de ces clôtures, surmontées de miradors de tir et de barbelés, délimitent des parcs animaliers dédiés aux «chasses d’affaires», qui réunissent clients et amis des propriétaires.

Une pratique scandaleuse aux yeux de Raymond Louis, chasseur passionné et président de l’association les Amis des chemins de Sologne, forte d’un millier d’adhérents, dont l’action entamée il y a vingt ans en petit comité a abouti à l’adoption à l’unanimité de la loi de février. «Les animaux sont enfermés, sans moyen de s’échapper. Ce sont des vraies tueries. Ces gens-là abattent jusqu’à 150 sangliers en une journée. Ça n’est pas éthique et ça salit l’image de la chasse»