Pourquoi parler ? Yaya scrute le plafond de longs instants. Las de mots, d’envie. Même ses paupières sont lasses de ciller. A quoi bon discuter, raconter cette histoire, celle du squat d’Unibéton. Ça ne l’a jamais aidé, ni lui ni les autres. Yaya ne fait pas semblant. Il soupire. Il reste figé. Déjà, il a chiffré l’affaire. «J’ai expliqué 1 000 fois mon parcours, j’ai eu 0.» C’est-à-dire pas de papiers, pas de logement et pas même de répit. «Depuis 2017 je vis dans des squats. J’aimerais rester tranquille.»
Yaya, Tchadien de 32 ans, était l’un des délégués d’un squat sur l’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), «le plus grand» de la région. Plus de 400 personnes vivotaient dans cette ancienne cimenterie transformée en bureaux, et laissée à l’abandon. Des réfugiés, demandeurs d’asile, sans-papiers, venus d’Afrique pour la plupart. Ils ont plié bagage en avril 2023, expulsés. Unibéton bordait le village olympique, où les athlètes crécheront cet été. Le prélude à une vague d’expulsions qui a sévi en région parisienne à quelques mois des Jeux olympiques. Au même moment, le gouvernement ouvrait dix «sas» d’hébergement temporaire d’urgence, surtout à destination des migrants, à Marseille, Lyon ou encore Seloncourt, dans le Doubs, pour, affirmait-il, désengorger Paris.
Depuis l’automne, nombre d’ONG dénoncent une intensification de la réponse policière à l’encontre des plus précaires. Un collectif, le Revers de la médaille, rassemblant 80 associations comme Action