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Entorse de la cheville : un problème à prendre au sérieux selon la Haute autorité de santé

Jusqu’à 40 % des personnes s’étant tordu la cheville une première fois développeront une instabilité chronique, alerte l’autorité sanitaire. Consultations médicales systématiques et rééducation sont hautement recommandées.
Si elle est jugée nécessaire, la rééducation doit durer entre cinq et sept jours. (Lord Henri Voton/Getty Images)
publié le 15 mai 2025 à 18h29

«J’ai mal mais ça va passer». Une phrase que beaucoup ont probablement prononcée après s’être tordu la cheville. Pourtant, pour la Haute autorité de Santé (HAS), ça ne passe pas. Les entorses de cheville sont trop souvent banalisées alors qu’elles peuvent causer des problèmes durables si elles sont mal soignées, a prévenu ce jeudi 15 mai l’autorité publique dans de nouvelles recommandations, préconisant notamment une consultation systématique dans les 24 heures.

«L’entorse de cheville est souvent banalisée par une grande majorité de la population qui méconnaît les risques de récidive et d’instabilité chronique, en l’absence d’une prise en charge appropriée», juge l’entité sanitaire, en actualisant des recommandations remontant à 2006. «Un nombre significatif de personnes vivent, dans les mois et années qui suivent l’épisode d’entorse, des symptômes persistants, notamment des symptômes résiduels d’instabilité, et des limitations d’activité telles que la pratique sportive et /ou les activités de la vie quotidienne», précise l’autorité dans le corps de ces recommandations.

Consultation systématique et rééducation nécessaire

«Il a ainsi été estimé que jusqu’à 40 % des personnes ayant subi un premier épisode d’entorse du ligament collatéral latéral de cheville (ligament externe, le plus faible, ndlr) développeront une instabilité chronique», souligne la HAS. Elle recommande désormais de systématiquement consulter un médecin généraliste ou un kinésithérapeute dans les 24 heures qui suivent une entorse, si celle-ci donne lieu à un symptôme quelconque : douleur, œdème, difficulté à bouger…. «Cette consultation vise à évaluer la nécessité de prévoir, ou non, une rééducation - particulièrement afin de prévenir les risques de récidive et d’instabilité chronique de la cheville – et à prodiguer des conseils à défaut de rééducation, le cas échéant», explique encore la HAS.

Si la rééducation est jugée nécessaire, celle-ci doit d’abord durer entre cinq et sept jours, puis donner lieu à une réévaluation de la situation : soit le patient peut reprendre une activité normale, soit il poursuit sa rééducation. La HAS s’abstient de fixer un nombre standard de séances, jugeant nécessaire d’individualiser la situation : «La littérature actuelle ne permet pas de définir un nombre minimal ou maximal de séances pour le traitement des entorses du ligament collatéral latéral», conclut-elle.

La recommandation d’un recours rapide à un masseur-kinésithérapeute, y compris sans prescription médicale, marque «une étape politique importante, défendue depuis de nombreuses années par l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes», a salué le conseil national de cet ordre dans un communiqué. «Il est désormais nécessaire d’aller au bout de cette logique : généraliser l’accès direct à l’ensemble des kinésithérapeutes, quels que soient leur lieu et leur mode d’exercice», a plaidé l’Ordre, pour lequel «c’est une mesure de bon sens, qui répond aux attentes des patients, clarifie le parcours de soins et facilite l’organisation du travail sur le terrain».