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Reportage

Entre Crépol et Romans-sur-Isère, une randonnée pour «réunir tous ceux qui ne parlent pas»

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Début avril, quelque 200 personnes ont marché dans la Drôme des collines, là où Thomas Perotto a été poignardé fin 2023. Pour «dépasser les traumatismes», loin des discours de haine.
Au départ de «la marche de la fraternité». (Pablo Chignard /Libération)
par Maïté Darnault, correspondante à Lyon et photos Pablo Chignard
publié le 21 avril 2025 à 10h32

Au sommet, elles s’étreignent. Et elles s’applaudissent. Et elles s’acclament. Voir deux cents personnes sourire en domino, ça rend léger. Les vrais grincheux, les méchants et les violents n’ont de toute façon pas fait l’effort de marcher pendant plusieurs heures, ce dimanche 6 avril, pour s’élever jusqu’au prieuré Saint-Ange, planté à 420 m d’altitude dans la Drôme des collines. Ce n’est pas nulle part : son église, pierres claires et style roman, se trouve à mi-chemin entre Crépol et Romans-sur-Isère. D’un côté, le village où Thomas Perotto, 16 ans, est mort lors du bal d’hiver 2023, poignardé dans une agression pour laquelle quatorze personnes ont été mises en examen. De l’autre, la ville des principaux suspects – parmi lesquels trois mineurs – dont certains issus du quartier populaire de la Monnaie à Romans, mais pas que.

Depuis la terrible nuit, entre ces deux lieux, il n’y a plus seulement une vingtaine de kilomètres, mais un fossé creusé