Cambriolé, pillé, puis vandalisé. A quelques heures du réveillon de Noël, l’entrepôt du Secours populaire isérois d’Echirolles a été pris pour cible, causant un préjudice estimé à plus de 300 000 euros. Des heures de bénévolat réduites à néant, et des semaines de collectes envolées. Deux camionnettes ont été «désossées», des palettes rangées en vue de futures distributions éventrées, tandis que des jouets et des vêtements ont été dérobés. «Il s’agit d’un acte gratuit, mais aussi d’un geste inqualifiable et horrible. L’entrepôt pillé se situe en Isère, mais en réalité, c’est le Secours Populaire dans sa globalité qui pâtit de cet acte et en souffre», déplore Claude Esclaine, responsable régional du Secours populaire.
A ses côtés, le secrétaire général du Secours populaire en Isère, Nabil Chetouf, demeure bouleversé par cet acte qui compromet une aide destinée à plus 30 000 familles. Il se réjouit néanmoins du vaste élan de solidarité qui s’organise, et exhorte à continuer à se mobiliser, car «la tâche va être immense».
Dans les colonnes du Dauphiné Libéré, vous déplorez le fait que ce cambriolage soit «plus qu’un vol, […] un saccage». Quels sont les dégâts que vous avez observés ?
Je suis encore sous le choc, et je revois cette scène d’entrepôt pillé tous les jours. Tout ce que nous avions collecté depuis plus de huit mois – à la fois de la nourriture, des vêtements, des produits électroniques et de la décoration – tout a été volé. Et volé, c’est un petit mot. Je dirais plutôt saccagé. Rien que pour les objets, les préjudices sont estimés entre 300 000 et 400 000 euros.
Mais en plus, il faut aussi compter les dégâts pour les véhicules, que l’on estime à 115 000 euros. Les deux camions que l’on venait d’acheter ont en effet été complètement désossés. L’entrepôt en lui-même a aussi été dévasté, alors qu’il était sécurisé avec des volets électriques. En vingt-huit ans de bénévolat, je n’ai jamais vu ça. C’est la première fois de notre histoire que l’on se fait piller, et c’est un carnage absolu. Car c’est bien tout le cœur du Secours populaire qui a été touché, et pas seulement le département de l’Isère.
Comment les bénévoles ont-ils réagi ?
Personne ne comprend cet acte, puisque c’est incompréhensible. Les bénévoles estiment qu’ils ont été abusés au sein de leur propre maison, souillés. Mais ils ne veulent pour autant pas baisser les bras après ce coup dur. La solidarité continue et ne s’arrêtera jamais, même entre Noël et le jour de l’An. Le Secours populaire est une association de résistance, et cela ne va pas cesser à cause d’un cambriolage.
Un temps d’échange est d’ailleurs prévu ce jeudi avec les bénévoles du département, pour savoir comment rebondir, et comment se reconstruire. Notre objectif est de sortir de ce cauchemar, puisque le préjudice n’est pas seulement physique, il est aussi moral.
Les capacités de collecte et de redistribution de votre association vont-elles être nettement amoindries pour les prochains mois ?
Tout à fait. On ne pourra certainement pas distribuer ce que l’on espérait aux 30 000 familles du département au cours du mois de janvier, puisque tout a été volé. Il faudra d’abord trouver un nouveau local pour nous accueillir, car celui-ci n’est plus utilisable en l’état. En parallèle, il faudra aussi solliciter d’autres donateurs afin de reconstruire le stock dérobé. Et collecter n’est pas aussi facile que l’on croit. Je lance donc un appel à toutes les grandes enseignes, toutes les grandes entreprises. Nous sommes preneurs de l’ensemble des dons possibles.
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Le Secours populaire de l’Isère a lancé le 24 décembre un appel à la solidarité. Est-ce que vous vous attendiez à la vague de générosité qui a suivi ?
Le président du Conseil départemental a annoncé le déblocage d’une aide de 50 000 euros. Ce matin, une enveloppe du même montant a aussi été octroyée par la région. Le Crédit Mutuel Alliance Fédérale annonce lui faire don de 100 000 euros. J’attends encore le chiffre précis de la Métropole de Grenoble, et des réponses des autres communes. Il faut toutefois que le Secours populaire suive attentivement les comptes, car ces dons sont pour l’instant seulement des promesses. Mais la force du Secours populaire, c’est bien de verser directement l’argent collecté, sans intermédiaire. La solidarité est inconditionnelle et prioritaire.
Au-delà des entreprises et des collectivités, des particuliers vous sont-ils aussi venus en aide ?
Des artisans m’ont déjà appelé pour me proposer leur aide matérielle, mais il est encore un peu tôt. Des particuliers nous ont aussi contactés pour nous offrir quant à eux une aide financière, en nous disant «je suis de tout cœur avec vous» ou encore «je ne peux pas vous aider matériellement, alors je vous aide économiquement». Le standard téléphonique sonne beaucoup plus que d’habitude, et nous recevons aussi ces offres dons via des mails. Ce cambriolage n’est pas un fait divers, il peut affecter la solidarité sur plusieurs mois, voire plusieurs années si rien n’est mis en place. Un défi immense est donc à relever, et il n’y a pas de petit ou de grand don.
Pour faire un don, vous pouvez contacter la fédération de l’Isère au 04 76 23 64 30, par mail (contact@spf38.org) ou directement sur le site du Secours populaire.