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Libération
Guerre en Ukraine

Carburants, entreprises, pêcheurs… Jean Castex envoie les millions d’euros d’aides dans son «plan de résilience»

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Le Premier ministre détaille ce mercredi les mesures qui seront prochainement mises en œuvre afin de répondre aux difficultés des secteurs d’activité les plus touchés par les répercussions de l’invasion russe en Ukraine.
Jean Castex en janvier à Paris. (julien de rosa/AFP)
publié le 16 mars 2022 à 16h44
(mis à jour le 16 mars 2022 à 17h01)

L’Etat prendra bien en charge une part des surcoûts des entreprises très consommatrices d’énergie, annonce ce mercredi le Premier ministre Jean Castex, dans le cadre du «plan de résilience» voulu par le gouvernement pour faire face aux conséquences économiques du conflit en Ukraine, entre flambée des prix de l’énergie et des matières premières.

Aide pour les entreprises les plus consommatrices de gaz et d’électricité, remise de 15 centimes étendue «au gaz naturel véhicule (GNV) et au gaz de pétrole liquéfié (GPL)», 35 centimes par litre pour les pêcheurs, 400 millions d’euros pour le secteur de l’agriculture, chômage partiel prolongé…

Pour l’ensemble des Français, l’exécutif va étendre la remise à la pompe de 15 centimes par litre «au gaz naturel véhicule (GNV) et au gaz de pétrole liquéfié (GPL)». Jean Castex souhaite même que les distributeurs «contribuent à ce dispositif, pour aller au-delà» des quinze centimes attendus jusqu’ici. «Le groupe Total a déjà donné son accord de principe pour aller au-delà», selon le Premier ministre. Cette remise sur les carburants «concernera tous les Français, sur le territoire métropolitain et dans les Outre-mer, les particuliers comme tous les professionnels».

Mais ces annonces ne sont pas un nouveau «quoi qu’il en coûte» comme pendant la crise sanitaire, avait prévenu le gouvernement. Il s’agit surtout de mesures ciblées pour les entreprises et les filières les plus touchées. «Ce sera très sectorisé», avait d’ores et déjà précisé le Premier ministre la semaine dernière. Le gouvernement acte notamment une aide pour les entreprises dont les dépenses de gaz et d’électricité représentent au moins 3 % de leur chiffre d’affaires.

Les pêcheurs seront, eux, aidés à hauteur de 35 centimes par litre de gazole jusqu’à fin juillet, annonce le Premier ministre ce mercredi. Entamé mardi, le blocage de plusieurs dépôts pétroliers se poursuivait mercredi à Brest et Lorient pour protester contre la hausse des prix du gazole et de l’essence. Après la remise de 15 centimes d’euros par litre de carburant à partir du 1er avril annoncée dimanche par le Premier ministre, la filière de la pêche française a annoncé mercredi la mise en place d’un dispositif exceptionnel de six millions d’euros destiné aux pêcheurs, durement affectés par la flambée du prix des carburants.

L’Etat va par ailleurs provisionner une enveloppe de 400 millions d’euros pour financer une aide aux éleveurs qui font face à l’envolée du coût de l’alimentation des animaux, fait savoir Castex. Les producteurs français craignent de manquer d’engrais et d’alimentation pour le bétail, la Russie et l’Ukraine étant d’importants fournisseurs. «Nous savons que la Russie livre 17 % du gaz à la France, 23 % du pétrole, et énormément d’engrais : 70 % du gaz sert à faire des engrais et nous avons eu l’année dernière une augmentation de 138 % du prix des engrais», s’inquiétait lors du dernier salon de l’agriculture Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.

Dans l’industrie, c’est la flambée des cours de certains métaux comme l’aluminium, le nickel, le titane ou le palladium dont la Russie est un important producteur, qui met en difficulté les entreprises de l’automobile ou de l’aéronautique, surtout si le conflit doit durer.

Le dispositif d’activité partielle sera par ailleurs prolongé de douze mois supplémentaires pour les accords déjà signés et celles qui ne sont pas encore couvertes par ces dispositifs pourront le faire jusqu’à la fin de l’année. Une mesure qui va dans le sens du président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, qui avait appelé mardi à la réactivation d’une prise en charge de l’activité partielle par l’Etat, comme durant la crise sanitaire : «Il faut remettre le chômage partiel pour les entreprises obligées de s’arrêter, parce qu’on est vraiment dans un cas de force majeure».

Le plafond d’emprunt des prêts garantis par l’Etat sera par ailleurs relevé jusqu’à 35 % du chiffre d’affaires contre 25 % aujourd’hui, assure Castex. L’accès aux dispositifs de reports des «charges fiscales et sociales» sera également facilité pour les entreprises mises en difficulté par la crise en Ukraine, notamment pour les prix de l’énergie ou la perte de débouchés à l’exportation.

L’annonce de ce «plan résilience» par le chef du gouvernement intervient à la veille de celle du programme d’Emmanuel Macron. Le président sortant, candidat à sa succession, doit tenir une longue conférence de presse, à partir de 15 heures.

Mise à jour : à 17 h 01, avec davantage de mesures annoncées par Jean Castex.