Olivier Esteves, Alice Picard et Julien Talpin, sociologues, ont interrogé une partie de cette «élite minoritaire» qui a volontairement quitté la France pour le Royaume-Uni, les Etats-Unis, le Canada, le Maroc… Leur ouvrage la France tu l’aimes mais tu la quittes (Seuil), qui sort ce vendredi, s’appuie sur un échantillon quantitatif de plus de 1 000 personnes et sur 140 entretiens approfondis. Nous avons rencontré deux des auteurs, Alice Picard et Julien Talpin, pour en parler.
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans votre enquête ?
Alice Picard : Il y a eu un inversement des rôles. En temps normal, lors de nos différents travaux, nous devons convaincre les gens de nous accorder du temps mais pas cette fois. Les enquêtés étaient disponibles, prêts à témoigner. Ils nous ont même remerciés à plusieurs reprises.
Est-ce que ça a été une occasion pour eux de prendre une forme de revanche en racontant leur départ ?
Julien Talpin : Pas vraiment. Ce ne sont pas des revanchards qui se voient comme des victimes. Ils voulaient juste témoigner parce que ce phénomène est invisibilisé, passe sous les radars, alors qu’il dit des choses de la France. D’un côté, il y a désormais une reconnaissance croissante des discriminations racistes, qui sont moins déni