Falmarès sait recevoir les étrangers. Il se tient droit dans le hall de la gare de Nantes. Il porte une veste orange, une chemise avec des carreaux rouges et bleus, un pantalon moutarde et des chaussures cirées. Elégant ; avenant, il demande si on a fait un bon voyage. Sur le chemin qui mène au Lieu unique – centre culturel de la ville –, Falmarès décrit le paysage alentour. Le poète de 21 ans se révèle prolixe, rapidement familier. Il cause de son recueil de poésie, récemment paru chez Flammarion, Catalogue d’un exilé (1), où il raconte les siens, son pays de naissance, la Guinée, et sa longue traversée de Conakry à Nantes. «Existe-t-il un plus grand rêve que la vie ?» écrit-il dans son livre entre deux vers. Falmarès – qui se décrit comme un «observateur» – sait conter les histoires. Il s’attarde sur chaque détail. Mohamed Bangoura, son blase à l’état civil, nous raconte sa trajectoire à voix basse, en souriant. Une odyssée folle, incroyable, rude. Soit un adolescent qui traverse le Sahara et puis la mer Méditerranée sur un bateau pneumatique sans l’avoir cherché ; un voyage «infernal» qui l’a transformé, jusqu’à faire de lui un poète.
Un départ «sans réfléchir»
Mohamed Bangoura ouvre les yeux à Conakry. Une petite sœur et un petit frère. Une enfance «heureuse». La famille déménage à Koba, dans l’ouest du pays, après la séparation des parents. Une fracture comblée par sa grand-mère maternelle. «Koba ressemble à la Bretagne. Il y a la pêche, l’agriculture,