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Justice

Après des mois de lutte, l’association MaMaMa autorisée à rester un an dans ses locaux

Créée lors du premier confinement, l’association de lutte contre la précarité infantile MaMaMa devra quitter ses locaux situés à Saint-Denis d’ici un an, selon une décision du juge des référés du tribunal de Bobigny rendue mercredi.
Distribution de colis alimentaire et d'hygiène dans les locaux de MaMaMa, l'association de solidarité d'urgence, en faveur des femmes isolées et de leurs bébés, à Saint-Denis, le 11 décembre 2020. (Albert Facelly/Libération)
publié le 15 février 2023 à 19h18

L’avenir de MaMaMa n’est pas scellé. À la suite d’une audience en référé au tribunal de Bobigny vendredi 13 janvier, la justice a ordonné mercredi à l’association de quitter spontanément les locaux qu’elle occupe à Saint-Denis dans un délai d’un an. Elle n’aura également pas à payer de loyer durant cette période, comme l’a constaté Libération dans l’ordonnance de référé. «On est ravies (...) on a poussé un cri de joie quand on a vu que la justice considérait les bénéfices de notre action, a réagi auprès de Libé Magali Bragard, présidente de l’association. Ce temps qui nous est offert par la justice sera mis à contribution pour que tous les acteurs concernés trouvent avec nous une solution pérenne pour MaMaMa.»

Paradoxalement, la Plaine commune développement, à l’origine de cette assignation en justice, semble se féliciter de cette décision de justice. Et omet de préciser le délai d’un an accordé à MaMaMa. «Dans son jugement rendu le 15 février 2023, le tribunal de Saint-Denis a décidé de donner une suite favorable à notre demande», peut-on lire dans leur communiqué de presse. Contactée par Libération, l’avocate de MaMaMa estime pourtant que les pouvoirs publics «ont perdu». «Ils ont demandé une expulsion immédiate et une indemnité à compter de l’expulsion. Finalement, nous avons obtenu un délai d’un an et la décision ne prévoit aucune contrepartie financière, contrairement à ce qu’ils demandaient», souligne Violaine de Filippis Abate.

Une pétition contre l’expulsion, soutenue par Action contre la faim, la Fondation des femmes, Oxfam ou encore Médecins du monde avait rassemblé plus de 21 000 signatures jusqu’à cette décision du tribunal. Un avis d’expulsion immédiat aurait pu signer l’arrêt des activités de l’association. Dans un tweet, MaMaMa affirmait dimanche n’avoir «aucune solution de repli».

Depuis le début du Covid-19, cette association de lutte contre la précarité infantile a aidé 100 000 mères de famille et leurs enfants à accéder à des produits de première nécessité : couches, lingettes, lait, mais aussi habits et poussettes. Ses actions ont été possibles grâce à la mise à disposition gratuite d’un local de 1200 m2 à Saint-Denis par la Société d’économie mixte (SEM) de la Plaine commune développement et la mairie. Mais depuis décembre 2021, la SEM, propriétaire du bâtiment, réclamait à l’association un loyer de 18 000 euros par mois. Pour MaMaMa, cette somme était tout simplement impossible à débourser.

Deux versions de l’histoire

Après avoir mis en demeure l’association en juillet 2022, sommée d’évacuer les lieux, la SEM avait donc assigné MaMaMa en justice en octobre pour demander son expulsion, estimant que l’occupation du bâtiment se faisait «sans droit ni titre et sans assurance», et que l’association ne respectait pas les conditions de sécurité requises pour accueillir du public. Une affirmation fermement démentie par MaMaMa. Vidéo à l’appui, l’association affirme avoir reçu à plusieurs reprises un accord oral lui permettant d’occuper gratuitement les lieux jusqu’à sa destruction, prévue en 2024. À ses débuts même, l’association dit avoir occupé l’entrepôt grâce à plusieurs conventions écrites.

Outre cette histoire de local, les tensions entre la mairie et l’association sont montées d’un cran en novembre 2022. Deux plaintes ont été déposées par MaMaMa, dont l’une visant Mathieu Hanotin (maire PS de Saint-Denis et président de Plaine Commune) et l’un de ses adjoints, notamment pour non-dénonciation de crime ou de délit. L’association assure en effet avoir été insultée et menacée par des proches de l’édile. Ce dernier a déclaré avoir porté plainte pour diffamation.