Quel a été le rôle d’Aurore Bergé dans le scandale des crèches privées ? L’ancienne ministre déléguée aux Familles est mise en cause dans le nouveau livre-enquête Les Ogres du journaliste Victor Castanet qui traite principalement du fonctionnement problématique du groupe People & Baby. L’auteur de l’ouvrage Les Fossoyeurs sur le scandale des EPHAD s’attarde sur les relations entre Aurore Bergé et Elsa Hervy, déléguée de la fédération française des entreprises de crèches. Le livre révèle des faits qui pourraient ressembler à de la collusion entre un lobby privé et une membre du gouvernement.
Il n’en fallait pas plus pour que la gauche s’empare du sujet et réclame des comptes. Le Nouveau Front populaire, LFI en tête, souhaite obtenir des réponses de la part de la ministre démissionnaire chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations. Le député Louis Boyard a estimé ce mercredi 18 septembre sur BFMTV que «les lobbys des crèches privées ont permis d’installer un système de maltraitance des nouveau-nés, sacrifiés sur l’autel de l’argent et de la rentabilité. Aurore Bergé a scellé un pacte avec eux. Ces gens doivent rendre des comptes, ce système ne peut plus durer».
Le rapporteur de la branche «Famille» du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 souhaite la voir auditionner pendant «une heure et demie» à l’Assemblée nationale fin septembre ou début octobre. Dans une invitation, que le jeune élu espère donner en main propre à Aurore Bergé, il est écrit que «M.Boyard souhaiterait notamment vous interroger sur l’action que vous avez conduite, en tant que ministre des Solidarités et des Familles, dans le secteur des crèches, au deuxième semestre 2023».
LFI accuse Aurore Bergé de «parjure»
De son côté, le PS qualifie les accusations de Victor Castanet d’«extrêmement graves […] si ces informations étaient avérées». Face aux nombreuses dérives documentées, «le gouvernement a laissé faire, voire, si l’on en croit les révélations du livre de Castanet, il aurait même encouragé ces pratiques dans une forme de “pacte de non-agression” conclu entre, d’un côté, l’ancienne ministre de la Famille Aurore Bergé et, de l’autre, Elsa Hervy, responsable d’une fédération représentant 1 100 entreprises de crèches en France», écrivent les socialistes. Toutefois, l’ancienne présidente du groupe Renaissance au palais Bourbon se défend et assure avoir «changé la loi pour garantir les contrôles des grands groupes privés» en faisant référence à un amendement voté qui doit «renforcer le contrôle dans les établissements d’accueil», a-t-elle expliqué à BFMTV.
Décryptage
Mais pour La France insoumise, la ministre démissionnaire a «commis un parjure devant la commission d’enquête parlementaire sur le modèle économique des crèches» de 2023. Et le parti de Jean-Luc Mélenchon accuse la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, de «refuser d’examiner la demande des insoumis visant à engager une procédure pour parjure à l’encontre de Mme Bergé». «Cette décision inadmissible est révélatrice du sentiment d’impunité de la macronie. Le groupe parlementaire LFI-NFP réitère sa demande auprès du bureau de l’Assemblée nationale et se réserve la possibilité de saisir toutes les instances compétentes pour que Mme Bergé réponde de ses agissements devant la justice», tonnent les insoumis dans un communiqué.