Après plus d’un an et demi de pandémie, quelles leçons démographiques peut-on tirer de la crise sanitaire ? Anne Solaz, directrice de recherche à l’Institut national d’études démographiques (Ined), spécialiste de la famille et des effets des crises, notamment économiques, sur les unions et la natalité, fait le point. La situation serait plus proche du «baby bad buzz» que du «Covid baby-boom».
Quels sont les effets les plus visibles et marquants de la crise sanitaire sur la démographie française, plus d’un an après le début de la pandémie ?
Il y a d’abord la mortalité. 110 000 décès, c’est considérable, ça impacte tous les esprits. Mais en tant que démographe, ce qui nous intéresse dans ce moment de crise, ce sont surtout les naissances et les comportements individuels relatifs aux unions et aux divorces, qui en disent beaucoup plus sur l’état d’une société pendant une telle épreuve. La démographie est une science de temps long, les premières statistiques viennent tout juste d’arriver et ne permettent pas d’être catégorique. Cependant, les premiers résultats indiquent en France une baisse de 13% des naissances en janvier 2021 par rapport à janvier 2020, soit des enfants conçus pendant le premier confinement. C’est une baisse assez inédite, on n’avait pas vu une chute aussi bru