«Il faut y être confronté pour savoir que ça existe. Même les mots, on ne les connaît pas», lance Sophie de Chivré, maman de trois enfants, dont une première petite fille née sans vie, fin 2017. En 2020, la trentenaire de Caen lançait son podcast Au revoir, recueil de témoignages de personnes ayant, comme elle, perdu leur bébé avant d’avoir pu le connaître. «On passe de femme enceinte, de future maman, à rien du tout. Socialement, c’est un deuil de l’abstraction.»
En 2019, en France, le deuil périnatal touchait 10,2 grossesses sur 1 000 selon la Direction de la recherche des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). L’Organisation mondiale de la santé le délimite au décès à partir de vingt-huit semaines d’aménorrhée (fin du sixième mois de grossesse) ou à partir de 500 grammes, et jusqu’à sept jours après l’accouchement, qu’il s’agisse de morts in utero «spontanées», d’interruptions médicales de grossesse, notamment en cas de malformation, ou de décès néonatal précoce. En France, les statistiques prennent en compte les décès à partir de vingt-deux semaines (cinq mois). L’impact émotionnel, lui, n’est pas conditionné à un chiffre, les thérapeutes interviennent dès que la situation l’exige.
«C’était quinze jours avant le terme. Au réveil, le bébé ne bougeait plus. En fait, son cœur ne battait plus», raconte Sandra, 40 ans, qui a appr