Elle pensait lancer un débat de société, puis se retirer. «Prêter son histoire», et passer le relais. «Je ne veux pas passer ma vie à parler d’inceste», se disait-elle. Et pourtant, trente-cinq ans plus tard, à 79 ans, la revoilà sur le ring : en début d’année, Eva Thomas a accepté de rejoindre la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise). Elle qui aspirait à avoir une «vie normale», s’est sentie happée par un devoir, devenu «passion». «Je suis une guerrière. Pour moi, ça a toujours été un combat», analyse-t-elle, dans son appartement sous les toits, à Grenoble (Isère). Ici, tout est à son image : créatif, coloré, plein de vie. «J’ai cultivé la joie toute ma vie. C’est ce qui m’a sauvée», dit celle qui a suivi quatre ans de formation de clown amateur. Un peu partout chez elle, sont exposés sur des mannequins des costumes bigarrés fabriqués par ses soins, signe de la frénésie artistique qui continue de l’animer, après l’avoir réparée.
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Inceste : Eva Thomas, une vie de combat pour «pulvériser la honte et l’hypocrisie collective»
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Toute sa vie, Eva Thomas a cultivé «la joie. C’est ce qui m’a sauvée». (Pablo Chignard/Libération)
par Virginie Ballet
publié le 16 novembre 2021 à 20h59
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