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Enfance

Inceste : «L’insoutenable m’empêche de vivre»

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Violences sexuellesdossier
Les milliers de témoignages déjà reçus par la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles dans l’enfance, qui faisait ce mercredi un point d’étape de ses travaux lors d’un colloque, donnent à voir l’impact dévastateur de ces violences sur la vie des victimes, renforçant l’urgence d’agir.
La militante féministe Ernestine Ronai, Edouard Durand et Nathalie Mathieu, coprésidents de la Ciivise (Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants), lors de la première réunion publique organisée à Nantes le 20 octobre 2021. (Thomas Louapre/Divergence)
publié le 17 novembre 2021 à 18h53

Elle se dit «blessée par la vie». Contrainte de «vivre avec des plaies», tout en se disant «étonnée des traces qu’a laissées l’inceste». «Ça reste un fait passé pour tout le monde, sauf moi», dit-elle. Cette femme de 45 ans est l’une des 6 200 personnes à avoir témoigné auprès de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), depuis le lancement de son appel à témoignages, fin septembre. Son récit, comme tant d’autres, donne à voir les conséquences lourdes laissées par ces violences : «Je ne suis pas dans une tombe mais, intérieurement, je ne suis pas très vivante. Personne ne comprend le sentiment de mort dans lequel on est plongé. L’insoutenable m’empêche de vivre.» Au cours d’un colloque organisé ce mercredi à Paris, la Ciivise a présenté les premiers enseignements de ces histoires de vie, issus notamment de l’analyse de 3 800 questionnaires remplis par celles et ceux qui ont témoigné. Dans ces formulaires sont notamment recensés les circonstances des faits, le lien avec l’agresseur ou encore les conséquences sanitaires et sociales des violences. Dans huit cas sur dix, le