Denis prononce lentement : «Le cuisinier exhibitionniste couine.» Il répète, prend le temps, détache les syllabes. «On refait ! Le cuisinier exhibitionniste couine.» A côté de son visage, sa main s’anime, au rythme des sons. Les doigts se tendent, se replient, s’approchent de la commissure des lèvres, du menton, s’en éloignent. Face à lui, assis sur une terrasse du village club du Soleil, dans la station de ski savoyarde des Karellis, six adultes concentrés répètent la chorégraphie digitale. Un petit échantillon des 176 participants au traditionnel stage d’été de l’Association nationale pour la langue française parlée complétée (ALPC), qui se tient chaque année depuis sa création il y a quarante ans.
Durant une semaine, en contrebas d’une forêt de mélèzes et sous le splendide soleil de la fin août, les mains s’agitent. Ici, tout le monde apprend, perfectionne, pratique la langue française parlée complétée (LfPC), sorte de mime du français, utilisée par une partie des personnes sourdes et leurs proches. Le principe ? Chaque syllabe est «codée» grâce au positionnement des doigts (pour les consonnes) et au placement de la main autour du visage (pour les voyelles). Il existe huit gestes (on parle de «clés») pour les consonnes, cinq pour les voyelles. L’index tendu matérialise par exemple les sons «p», «d» et «j», la main près du menton indique les sons «è», «ou» et «o» (comme dans «fort»).
Facilité d’apprentissage
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