Chaque fin d’année, c’est la même chose. «Pendant l’hiver et la période des fêtes, ça explose dans les collèges parce que c’est à ce moment que les équipes commencent à déceler les problèmes», indique à Libération Géraldine Chanal, psychologue et déléguée générale de Phare Enfants-Parents, association qui œuvre depuis trente ans à la prévention du mal-être et du suicide chez les jeunes. Mais alors que la cinquième vague de Covid-19 déferle, le phénomène prend une autre ampleur.
«Le Covid remet en question toute leur confiance en l’avenir. Tout est devenu incertain. Ils commencent une année et ne savent pas si elle va se dérouler normalement, constate l’énergique déléguée générale, longues anglaises blondes qui tranchent sur sa robe noire. Ils ont perdu leurs ressources extérieures. Tout ce qui potentiellement pouvait leur faire du bien a disparu ou est devenu compliqué.» Les établissements scolaires, avec qui l’association – située à Paris mais qui traite de situations dans toute la France – est en lien étroit, leur font remonter beaucoup plus de situations de décrochage scolaire qu’auparavant.
Sur la ligne d’écoute de l’association, «les demandes explosent. On fait désormais plus de 1 000 consultations par an», constate la psychologue de l’association, installée devant une école primaire d’où parviennent les cris des enfants en récréation. En 2017, l’association en recensait 680 et moins de 300 en 2015.