«Les deux premières années après leur départ de la crèche, ça a vraiment été un cauchemar.» Assise dans un café frisquet de Lille en ce vendredi de septembre, les yeux plantés dans les nôtres, Johanna Guilbert refait le film. Raconte son retour précipité d’Australie pour cause de séparation, un petit garçon sous le bras, une petite fille dans le ventre, les premiers temps à la crèche Baby City de Villeneuve-d’Ascq, quand «tout se passait très bien», et puis «les problèmes [qui] ont commencé au changement de directrice». Aujourd’hui, ses enfants, Neal et Norah, ont 7 et 5 ans. Et un suivi psy.
«Dès que quelqu’un crie, les enfants rétractent leur tête. S’il y a un geste brusque, ils se recroquevillent. Pendant deux, trois ans, je n’ai pas pu avoir de portes fermées, même les toilettes. Les lumières doivent rester ouvertes, même la nuit. Si je suis en haut [de la maison], mon fils me demande toutes les cinq minutes : “Maman, ça va ?” Il faut une réassurance constante, déroule cette responsable de commerce et de développement international de 40 ans. Ma fille est encore en cododo, alors qu’elle a sa chambre. Elle a une peur panique de l’inconnu, elle est très sauvage. Pendant un an et demi, mes parents n’ont pas pu tenir leur petite-fille dans leurs bras.»
Marques d’empoignement, cassure de la courbe de poids, bébés enfermés seuls dans le noir en pleurs : comme Neal et Norah, sept autres enfants passés par Baby City, un établissemen