Ils font partie des 7 367 personnes, selon l’Insee, qui ont épousé leur conjoint du même sexe l’année de l’adoption de la loi Taubira, en 2013. Dix ans plus tard, quels souvenirs prévalent ? La joie ? Ou les «traces indélébiles» laissées par la violence des débats qui ont précédé cette grande avancée sociétale ? Libération est allé à la rencontre de trois de ces couples pionniers.
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David-Jean et Philippe Thareaut-Vigny, Bordeaux
«Montrer notre famille dans toute sa normalité»
Aux murs de la chambre de leurs filles, au milieu des licornes et des dessins, trône encore la photo publiée en 2018 dans Libération. Cinq ans plus tard, ce sont eux qui ont renoué le contact pour donner des nouvelles. «On voudrait montrer notre famille dans toute sa normalité», résume David-Jean. «On le voit avec nos amis : dans le quotidien, si les enfants ne dorment pas la nuit, qu’on soit homo ou hétéro n’y changera rien», complète Philippe, son mari. Fin août, ils fêteront leurs dix ans de mariage et songent à convier quelques proches sur la terrasse de leur appartement de Bordeaux. Une manière d’accéder à la demande de leurs filles de 6 ans, qui parfois déplorent de ne pas avoir pu prendre part à la fête.
Les jumelles ont été conçues par une gestation pour autrui aux Etats-Unis et connaissent leur histoire. Les portraits de leurs «mères de naissance» (la mère porteuse et la donneuse d’ovocytes), comme les appelle David-Jean, sont aussi affichés aux murs. En couple depuis vingt-huit ans,