«Quand #MeTooInceste a éclaté, à l’image de beaucoup de survivants, ça m’a permis de m’identifier à d’autres. Comme une forme de transmission, de passage de relais. J’ai compris beaucoup de choses à ce moment-là. Longtemps, je n’ai pas mis le mot “inceste” sur ce que j’avais vécu : quand j’avais 8 ans, j’ai été victime d’un grand-oncle, missionnaire. Je voyais surtout la dimension religieuse. Ensuite, j’ai été victime de deux cousins, mais ce n’est que quand une journaliste a utilisé les mots “double inceste” que j’ai compris. Comme si le mot inceste était un tel interdit que je m’étais dit : “Non quand même, pas moi.”
«Aller contre la culture de la peur»
«Prendre la parole publiquement, c’est prendre des risques. D’abord parce que ça a renforcé le fossé avec ma famille. Certains ont considéré que j’allais trop loin mais, pour moi, c’était important de sortir du huis clos. D’aller sur la place publique, comme une manière d’affirmer que les enfants ne doivent plus être une possession de leur famille. Le dossier publié en une de Libé à ce moment-là a été un moment très fort. Cela a suscité chez moi beaucoup d’émotion, et a pesé dans mon processus de réparation personnelle. C’était comme