«On n’a pas d’argent. On n’est pas propriétaire. On n’a pas de mode de garde. On rentre du taf à 19 heures. Est-ce que vous comprenez ?» Cette réaction, postée en lettres majuscules sur les réseaux sociaux, a été vue presque autant de fois en 24 heures que la conférence de presse d’Emmanuel Macron diffusée sur huit chaînes de télévision mardi 16 janvier. Elle s’est propagée vitesse grand V, comme étant l’explication parfaite aux chiffres de l’Insee sur la baisse de la natalité en France. Ces derniers nous apprennent que seulement 700 000 bébés sont nés en 2023. Du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale.
Quelques heures plus tard, Emmanuel Macron a réagi à son tour. Dans un style guerrier, parlant de «réarmement démographique», énième déclinaison de son concept chouchou du mois de janvier, déjà appliqué à l’industrie, à l’économie ou encore à l’école. Comment souhaite-t-il pousser les Français à faire des enfants ? Avec la création d’un «congé de naissance» qui remplacerait l’actuel congé parental et durerait six mois pour chaque parent. Il a également promis un «grand plan de lutte» contre le fléau de «l’infertilité masculine comme féminine». Deux pistes floues et sans doute insuffisantes, mais dans la continuité de l’augmentation de la durée du congé paternité sous sa présidence.
On comprend également l’urgence d’un responsable politique à vouloir lutter contre le vieillissement de sa population. Raréfaction de main-d’œuvre, menace sur notre système de financement des retraites, perspectives peu réjouissantes en termes de croissance ou encore d’innovation… Les effets négatifs ne manquent pas et, selon toute vraisemblance, la macronie ne compte pas les contrer en misant sur l’immigration comme peut le faire l’Allemagne par exemple. Mais on sent bien que le discours droitier d’Emmanuel Macron, qualifié de «pétainiste» par certains, rappelant le célèbre roman la Servante écarlate à d’autres, n’apporte pas les réponses attendues. Plutôt qu’une injonction individuelle à procréer, la fécondité doit être considérée comme un résultat systémique qui dépend de caractéristiques diverses. Cette société facilite-t-elle la vie familiale ? La conjoncture actuelle donne-t-elle envie de mettre un enfant au monde ? Et au fait, combien les hommes et les femmes souhaitent-ils d’enfants ? Justement, cet indicateur du désir d’enfant existe. Et il est, encore aujourd’hui, toujours plus élevé que le nombre d’enfants qui naissent réellement. Créer un futur désirable qui réconcilie les rêves et la réalité, voilà qui aurait pu ressembler à un cap enthousiasmant pour 2024.