«Je dois accoucher fin octobre et je cherche déjà une nounou.» Sabrina est prévoyante, elle a déjà connu cette galère pour son premier enfant et ne veut pas attendre pour le second. Presque tous les jours depuis un mois, elle épluche les groupes Facebook et autres sites dédiés pour trouver la perle rare qui gardera son fils à partir de janvier. «C’est un vrai casse-tête : quand ce n’est pas hors budget, ce sont les horaires qui ne correspondent pas», soupire cette habitante de la région parisienne. La mère de 33 ans s’est inscrite pour obtenir une place en crèche municipale par précaution, mais elle préférerait trouver une assistante maternelle : «Un bébé demande beaucoup d’attention, donc ça me rassurerait et je suis prête à payer un peu plus cher», expose-t-elle.
«Tous les ans, j’augmente mon salaire de dix centimes de l’heure»
Une préoccupation pour de nombreux (futurs) parents qui s’amplifie chaque année avec l’augmentation des tarifs des services de garde d’enfants. Selon un baromètre actualisé par Yoopies, une plateforme de mise en relation entre professionnels et familles, l’année 2024 est un «record». Réalisée grâce à des données récoltées auprès de l’Urssaf et ajoutées à ses propres statistiques, l’étude estime une hausse du tarif moyen de 4,21 % pour les assistantes maternelles et de 3,75 % pour les gardes à domicile. «D’habitude l’augmentation suit l’inflation, c’est la première année qu’on atteint une telle hausse», assure Marie Cavillon, directrice générale de l’entreprise. Et ce pour trois raisons, selon elle : «D’abord l’inflation, mais aussi la revalorisation des métiers de la petite enfance, et enfin une augmentation de la demande de services de garde de qualité, avec une flexibilité horaire due au retour du travail en présentiel», analyse Marie Cavillon.
Côté professionnel, cette augmentation n’est pas optionnelle. «Tous les ans, j’augmente mon salaire de dix centimes de l’heure pour mes nouveaux contrats», décrit Florence (1), assistante maternelle près de Clermont-Ferrand. Cette nounou a fixé son salaire à 4,10 euros par employeur, au-dessus de la moyenne nationale de 3,96 euros estimée par Yoopies (et 10,50 euros pour les gardes à domicile). «Je suis parmi les plus chères, mais j’explique ce prix aux parents par mon ancienneté : ça fait dix-huit ans que je fais ce métier. Et comme dans n’importe quelle entreprise, mon expérience compte», se justifie-t-elle.
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Cette hausse est aussi symptomatique, pour Florence, d’un métier soumis à de nombreuses contraintes que beaucoup ignorent. Les assistantes maternelles sont employées par les parents et sont donc assujetties à leurs décisions. «On fait souvent face à des parents qui se croient tout permis, j’ai déjà eu des employeurs qui m’ont demandé du jour au lendemain de passer de quarante à trente heures par semaine», s’agace Florence. Face à son refus, la famille a installé progressivement un climat hostile et tendu avec l’assistante maternelle. «Dans ce genre de situations, on est livré à nous-mêmes, on a personne vers qui se tourner. Régulièrement je vois des collègues démissionner, car elles ne supportent plus la pression», insiste-t-elle. Et de conclure, amère : «Maintenant, je ne choisis plus les enfants mais les parents, c’est avec eux que c’est le plus compliqué.»
Des aides proposées par l’Etat
Face aux prix croissants des services de garde qui pèsent de plus en plus sur le budget des familles, Marie Cavillon rappelle l’existence d’aides proposées par l’Etat. Parmi elles, le complément de libre choix du mode de garde calculé par la Caisse d’allocations familiales ou encore le crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile qui peuvent couvrir jusqu’à 50 % des dépenses initiales.