La semaine «de» ou «en» quatre jours, serpent de mer remis sur la table. La Tribune du dimanche rapporte que le Premier ministre Gabriel Attal planche sur l’organisation de travail des fonctionnaires. A l’occasion d’un séminaire gouvernemental prévu le 27 mars, Gabriel Attal va ainsi demander aux ministres de mettre en place, d’ici le mois de septembre, une expérimentation d’organisation du travail pour une durée d’un à deux ans dans leurs administrations.
Les ministres pourront déterminer la formule qu’ils souhaitent tester parmi les options explorées : la semaine de quatre jours, celle de quatre jours et demi ou encore la semaine différenciée. Libération fait le point sur ce que l’on sait des pistes envisagées.
Semaine différenciée ou semaine en quatre jours ?
Selon La Tribune, Gabriel Attal souhaite mieux «prendre en compte l’articulation entre vie professionnelle et vie privée» et «permettre à certains métiers de retrouver plus d’attractivité». Mais tout en ne réduisant pas le temps de travail. Auprès du Figaro, Matignon a confirmé qu’il s’agissait d’une semaine «en» quatre jours, et non pas «de» quatre jours : autrement dit, la durée du travail sera la même, mais répartie différemment.
La semaine différenciée, évoquée par La Tribune du dimanche, serait une application de cette souplesse. Cette organisation a pour but de permettre aux parents divorcés, qui ont la garde de leurs enfants une semaine sur deux, de moduler leur temps de travail. Concrètement, il leur est possible de travailler quatre jours seulement la semaine où leurs enfants sont chez eux. A l’inverse, quand les enfants ne sont pas à leur charge, les parents repassent à la traditionnelle semaine de cinq jours. A ce stade, aucune précision n’a été faite.
Toujours auprès du Figaro, le cabinet de Gabriel Attal a toutefois rappelé que «le sujet, ce n’est pas que les parents divorcés. Le but, c’est que la semaine en quatre jours s’adresse à tout le monde, à tous les salariés».
Est-ce que ça fonctionne ?
Quelle que soit la formule d’organisation du temps de travail retenue, Gabriel Attal l’a énoncé clairement lors de sa déclaration de politique générale : cette réorganisation se fera «sans réduction du temps de travail». Une limite pointée par les syndicats, comme la CGT, qui «défend, elle, la semaine des 32 heures» : «La CGT s’oppose à la semaine des 4 jours sans réduction de la durée hebdomadaire, qui reviendrait à ce que les salarié.es paient eux-mêmes une fausse réduction du temps de travail puisque leur charge de labeur serait maintenue, et le rythme intensifié.»
En juin 2023, une expérimentation de la semaine en quatre jours au sein de l’Urssaf Picardie avait été vantée par Gabriel Attal. Les salariés qui le souhaitaient ont ainsi eu la possibilité de ne travailler que quatre jours par semaine, mais sans réduction de leur temps de travail, donc en compressant leurs 36 heures hebdomadaires en quatre jours au lieu de cinq. Au final, seules trois femmes sur 280 agents ont pris cette possibilité. Preuve que plancher uniquement sur la répartition du temps de travail, plutôt que sa réduction, ne suffit pas.
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Et à l’étranger ?
Des expérimentations de réorganisation du temps de travail, de diverse nature, ont eu lieu ou sont en cours en Espagne, Islande, Irlande, en Nouvelle-Zélande, aux Etats-Unis ou encore au Canada. En Allemagne, le puissant syndicat métallurgique IG Metall réclamait lui aussi la semaine de 32 heures en quatre jours en juin dernier.
Du côté du Royaume-Uni, la semaine de quatre jours a d’ores et déjà été testée et approuvée. Elle a été expérimentée dès 2022 dans 61 entreprises britanniques. Le concept : les employés reçoivent 100 % de leur salaire pour 80 % de leur temps de travail, le tout en assurant 100 % de leurs tâches. Une formule qui a eu des effets bénéfiques sur la santé des travailleurs. Les burn-out ont été réduits de 71 % et les arrêts maladie de 65 %.