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Justice

Soupçons de faux témoignage sur les crèches : Aurore Bergé entendue par les juges

Visée par une enquête, la ministre en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes a été placée sous le statut de témoin assistée selon l’AFP, échappant à ce stade à des poursuites.
Aurore Bergé, le 28 avril 2025, à Paris. (Ian Langsdon/AFP)
publié le 13 juin 2025 à 14h32

La ministre Aurore Bergé, soupçonnée d’avoir menti sous serment sur ses liens avec une lobbyiste des crèches privées, a été entendue jeudi dans l’enquête qui la vise pour «faux témoignage», a appris l’AFP ce vendredi 13 juin de sources proches du dossier.

A l’issue de cette audition devant des magistrats de la Cour de justice de la République (CJR), la ministre en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes a été placée sous le statut de témoin assistée, échappant à ce stade à des poursuites, selon ces sources.

Elle pourrait être prochainement réentendue sur des éléments nouveaux, a toutefois précisé l’une de ces sources : les enquêteurs n’avaient pas terminé jeudi d’exploiter les perquisitions réalisées en février à son domicile, chez la lobbyiste Elsa Hervy et aux bureaux de la Fédération française des entreprises de crèches (FFEC).

Aurore Bergé, qui «réserve ses réponses à la CJR», «récuse catégoriquement les accusations portées à son encontre sur un prétendu mensonge en commission d’enquête parlementaire», a réagi son avocate, Jade Dousselin.

Les gendarmes de la Section de recherches de Paris et trois magistrats de la CJR cherchent à déterminer si les deux femmes ont une relation particulière, qui aurait pu être sciemment cachée par Aurore Bergé, alors ministre des Familles. Elsa Hervy a été auditionnée deux fois, comme témoin simple, a indiqué une source judiciaire.

«Pacte de non-agression»

L’information judiciaire a été ouverte fin janvier après un signalement du bureau de l’Assemblée nationale. Des députés de La France insoumise et du groupe Ecologiste et Social soupçonnent la ministre, issue de LR, d’avoir passé sous silence des relations avec les lobbys devant la commission d’enquête parlementaire sur le modèle économique des crèches, le 30 avril 2024.

Sous serment, la ministre avait affirmé n’avoir aucun «lien personnel, intime ou amical, ni d’accointances» avec la déléguée générale de la FFEC. «Je n’ai jamais eu une seule fois un rendez-vous privé en tête-à-tête» avec Elsa Hervy, avait-elle ajouté.

Dans son livre-enquête les Ogres (Flammarion), sur les dérives de certains groupes privés de crèches, le journaliste Victor Castanet évoque pourtant un «pacte de non-agression» qui aurait été conclu entre Aurore Bergé, à l’époque où elle était ministre des Familles (juillet 2023-janvier 2024), et Elsa Hervy.

Aurore Bergé, alors députée Ensemble pour la République (EPR), avait rejeté les accusations et porté plainte pour diffamation contre Victor Castanet. Le journaliste avait alors rendu publics des documents, dont un mail adressé le 8 août 2023 par la ministre à sa directrice de cabinet, où elle dit à propos d’Elsa Hervy : «C’est surtout une copine :) Elle sera très aidante avec moi.»