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L’Etat lance un appel à signaler les violences faites aux enfants : «Trop souvent, le silence l’emporte sur la vigilance»

Jusqu’au 26 octobre, une vaste opération de communication sera déclinée dans les médias et lieux publics, exhortant notamment à contacter le 119, numéro national d’urgence dédié à l’enfance en danger.

En 2023, l'Observatoire national de la protection de l'enfance dénombrait plus de 50 000 cas de violences intrafamiliales sur mineurs ayant fait l'objet d'une plainte. (stefanamer/Getty Images)
Publié le 18/09/2025 à 11h33

Amandine, morte de faim à l’âge de 13 ans à la suite des maltraitances de sa mère ; enfants placés victimes de violences dans leurs familles d’accueil de l’Indre ; élèves de Bétharram abusés par le corps éducatif de l’établissement : face aux scandales qui se succèdent, le gouvernement a lancé mercredi 17 septembre une campagne nationale de sensibilisation. L’objectif est d’exhorter l’ensemble de la société à signaler les violences faites aux enfants.

«Tous les cinq jours, dans notre pays, un enfant meurt sous les coups de ses parents, ce seul chiffre devrait suffire à nous mobiliser», martèle la Haute-commissaire à l’Enfance, Sarah el Haïry, dans un communiqué. «Trop souvent encore, le silence l’emporte sur la vigilance. Trop souvent, on hésite, on doute». Alors «si vous pensez qu’un enfant est en danger, contactez le 119», le numéro national d’urgence dédié à l’enfance en danger en France, enjoint encore la campagne. Déclinée sur les chaînes de télévision et de radio, sur internet, au cinéma, dans les centres commerciaux ou encore dans les gares, elle durera jusqu’au 26 octobre.

L’opération intervient deux ans après le lancement du plan de lutte contre les violences faites aux enfants 2023-2027, par la Première ministre de l’époque, Elisabeth Borne. Elle avait notamment évoqué l’augmentation du nombre d’enquêteurs de l’Office central des mineurs (Ofmin), chargés de lutter contre les infractions les plus graves commises à l’encontre des enfants, ainsi que la création de nouveaux postes au sein des dispositifs d’écoute.

La série de mesures n’avait pourtant pas fait l’unanimité chez les acteurs associatifs. «Presque rien de nouveau», jugeait Martine Brousse, présidente de l’association La Voix de l’Enfant. «Les enfants ont besoin d’un plan d’urgence, pas d’un plan de communication», dénonçait également le Collectif enfantiste.

«Sans moyens, sans vrai pouvoir»

Mis en cause dans l’affaire Bétharram, l’ex-Premier ministre François Bayrou s’était également emparé du sujet en annonçant au mois de mai la création d’une «haute autorité indépendante», chargée de la lutte contre les violences faites aux enfants. Là encore, la communication n’avait pas vraiment convaincu : «Si c’est une nouvelle autorité sans moyens, sans vrai pouvoir, ça ne sert à rien», pointait Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes de Bétharram.

En 2022, plus de 37 000 sollicitations ont été traitées par le 119, numéro national d’urgence dédié à l’enfance en danger en France. Parmi elles, plus de 20 000 informations dites préoccupantes, selon les dernières données du 119. Un chiffre encore loin des plus de 50 000 cas de violences sur mineurs intrafamiliales ayant fait l’objet d’une plainte dénombrés par l’Observatoire National de la protection de l’enfance en 2023.