Combien sont-ils à commettre des violences sexuelles en étant mineurs ? Quel est leur profil ? Quels types de faits leur sont reprochés ? Et quelles réponses judiciaires ? Longtemps, les réponses à ces questions sont demeurées relativement floues. En début d’année, des travaux d’ampleur sont venus donner chair à cette «réalité ancienne […] longtemps passée sous silence dans le débat public ou les médias», selon le constat de leur autrice, la sociologue Marie Romero. Educatrice et cheffe de service éducatif à la protection judiciaire de la jeunesse, elle a passé au crible les faits traités par la justice en 2019 et 2020. Bilan ? Pas moins de 23 298 mineurs ont été impliqués dans des infractions à caractère sexuel. Des viols et des agressions sexuelles, dans la grande majorité des cas (86 %), mais aussi de la corruption de mineur et de la pédopornographie (10 %), voire du harcèlement sexuel et de l’exhibition (3 %) et très marginalement, du proxénétisme (1 %).
92% de garçons
Si ces statistiques peuvent sembler élevées, la chercheuse avertit d’emblée : elles sont sans doute loin de l’ampleur réelle du phénomène, «puisque les enquêtes de victimation démontrent que la majorité des faits de violences sexuelles ne sont pas révélés en justice». Celles qui le sont impliquent très majoritairement des garçons (92 %), ayant la plupart du temps commis des faits ava