C’est un chœur de voix féminines enveloppantes. Elles répètent des prénoms avec chaleur. Tutoient, parfois. Informent, conseillent et rassurent, toujours. Souvent, elles terminent leurs appels par une formule aux airs de main tendue : «Surtout, n’hésite pas à rappeler.» Au bout du fil, se succèdent des gamins planqués dans une cour de récré, prioritaires, des enseignants, des parents démunis ou meurtris face à des blessures, physiques ou psychologiques, qui ne devraient jamais percuter l’enfance. Depuis son lancement il y a plus de trente ans, le 119, numéro national dédié aux enfants en danger (1), a toujours été récipiendaire de récits de violences sexuelles, mais ils semblent légèrement plus fréquents ces dernières semaines, depuis la diffusion massive d’une campagne gouvernementale invitant victimes et témoins à signaler les faits à ces professionnels de la protection de l’enfance.
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Il y a eu cette collégienne de 15 ans encouragée par le corps enseignant à dénoncer cet ami de la famille qui l’agresse sexuellement depuis déjà six ans. Ou encore ce responsable d’un centre de loisirs, catastrophé par cette gamine de 8 ans qui a dit ne pas vouloir «que papa vienne la nuit tout nu dans son lit». Il y eut aussi cette mère de famille, inquiète qu’une camarade de son enfant mime des jeux sexuels avec ses poupées et tienne des propos très crus, employant des termes comme «sucer», «baiser» ou «toucher la chatte»… En 2022, ce type de faits, qui peuv