Plus une seule vache. La grande carcasse agricole est à moitié vide, posée sur des champs, le long d’une départementale où les poids lourds passent avec fracas, à Drucat-le-Plessiel (Somme). Dans un hangar, des ballots de lin séché sont stockés, à perte de vue. La ferme des «1000 vaches» a vécu, fermée depuis janvier. Officiellement, parce que Milcobel, la coopérative belge, la seule qui acceptait d’acheter son lait, voulait se recentrer sur son pays d’origine. En fait, le groupe Ramery, à qui appartient la ferme et qui ne communique plus sur le sujet, a lâché : pas de rentabilité, une bataille juridique perdue sur le nombre de vaches, limité à 500, et une opinion publique hostile.
Après presque dix ans de lutte, la fête de la victoire devait se tenir le 5 septembre. Mais le Covid est passé par là. Partie remise pour 2022. Annie, Nico et les autres remuent les souvenirs, c’est la première fois qu’ils y reviennent, et cela leur fait tout drôle. Les draps, aux slogans anti-ferme, accrochés tout au long de la clôture. «Ils ont dû mettre du temps pour les enlever», rigole Annie. Les gendarmes «adorables, avec qui on mange des chouquettes».
D’ailleurs, où sont-ils, les uniformes ? C’est bien la première fois que les militants de Novissen, l’association de lutte contre les 1000 vaches, se baladent le long de la ferme sans voir rappliquer la gendarmerie. Seules traces de l’ancienne attribution des lieux, le tambour immobile de la machine à traire, mille fois photographi