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Libération
Reportage

Soins palliatifs : aux Diaconesses, toute une vie dans une biographie

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Dans cette unité parisienne de soins palliatifs, les patients peuvent faire écrire leur histoire à une biographe. Une façon de laisser une trace de leurs parcours de vies, de leurs expériences, désillusions ou passions, mais aussi de participer à un projet aux effets thérapeutiques concrets.
La femme d'un patient découvre la biographie de son époux, décédé plusieurs mois auparavant, au service de soins palliatifs des Diaconnesses, à Paris, en janvier 2022. (Lucile Boiron/Libération)
publié le 19 mars 2023 à 8h19
(mis à jour le 8 novembre 2023 à 12h54)

Ce reportage de Lucie Beaugé, publié initialement le 19 mars, a reçu le prix Varenne 2023 du jeune journaliste le 7 novembre.

Une boîte de mouchoirs, des gâteaux secs emballés dans du plastique et un bouquet aux couleurs pastel trônent sur la table. La plupart des fleurs qui le composent (œillets, anémones…) sont, comme dirait un bon jardinier, vivaces : des plantes pouvant vivre plusieurs années, résistant aux rigueurs du gel de l’hiver et à la sécheresse des étés caniculaires. Assise sur une chaise, Françoise (1), 74 ans, a le regard posé sur ce bouquet. Son mari est mort fin novembre d’un cancer. Ce mercredi de janvier, c’est la première fois qu’elle revient à l’hôpital parisien des Diaconesses (XIIe arrondissement). «J’ai un peu peur de ce qu’il a écrit avant de partir», murmure-t-elle. Sophie Bobbé, biographe hospitalière, entre dans la pièce.

Dans cette unité de soins palliatifs, elle écrit les mémoires de celles et ceux qui souhaitent se raconter avant de mourir. La plupart du temps, ces hommes et ces femmes veulent laisser une trace de leurs rencontres, échecs, passions, désillusions et accomplissements. Ils transmettent dans ce cas un livre à leurs proches. Sophie Bobbé tend à Françoise deux exemplaires à la couverture rigide vert kaki. «C’est une chose d’accepter ce cadeau