«Les femmes vivent plus longtemps que les hommes», dit-on. Ce n’est pas aussi simple que ça, relativise une nouvelle étude danoise couvrant deux siècles et 199 groupes de population sur tous les continents, publiée dans la revue médicale BMJ Open mardi. Les femmes continuent à avoir, en moyenne une espérance de vie plus élevée que les hommes (de 4,4 ans en 2019, avec d’importantes variations selon les pays) mais, bénéficiant d’inégalités en leur faveur, les hommes ont «une chance substantielle de survivre aux femmes», en particulier ceux qui sont mariés ou titulaires d’un diplôme.
Le constat est clair : les femmes ont une vie plus longue et des taux de mortalité plus faibles que les hommes dans toutes les catégories d’âge et dans la plupart des populations modernes, même dans des conditions de mortalité extrêmes. C’est le résultat d’une combinaison complexe de facteurs biologiques, environnementaux et comportementaux.
Au rapport
Pourtant, entre 25 % et 50 % des hommes analysés par l’étude ont vécu plus longtemps que les femmes, selon les chercheurs de l’université du Danemark du Sud. Dans certaines régions, cette probabilité dépasse même les 50 %, comme en Iran entre 1950 et 1964, en Irak entre 1960 et 1969 ; avant 1985 au Bangladesh, en Inde et aux Maldives et entre 1995 et 2010 au Bhoutan.
Les chercheurs danois estiment donc que s’en tenir à la durée de vie moyenne des deux sexes est une «mesure simpliste» qui masque parfois des chevauchements de durée de vie importants entre les hommes et les femmes. L’ampleur du chevauchement indique la probabilité que les hommes vivent plus longtemps que les femmes et, en fin de compte, l’importance de la proportion d’hommes vivant plus longtemps que les femmes. «Une interprétation aveugle des différences d’espérance de vie peut parfois conduire à une perception déformée des inégalités réelles [de la durée de vie], écrivent les auteurs de l’étude. Les hommes mariés ou titulaires d’un diplôme universitaire ont tendance à survivre aux femmes célibataires ou sans diplôme d’études secondaires».
L’étude montre aussi que dans les pays développés, la probabilité que les hommes survivent aux femmes a diminué jusqu’aux années 70, puis elle a progressivement augmenté dans toutes les catégories de populations. Ces fluctuations sont principalement attribuées à des différences de comportement, les hommes adoptant des habitudes qui présentent plus de risque comme le tabagisme ou la consommation excessive d’alcool. «Il a été démontré que la durée de vie est influencée par l’état civil, le revenu, l’éducation, la race /ethnie, la résidence urbaine /rurale, etc.», soulignent les chercheurs.
«Ces résultats remettent en question l’impression générale que les hommes vivent moins longtemps que les femmes et révèlent une inégalité plus nuancée dans la durée de vie entre les femmes et les hommes», résume le rapport.