On y entre en enjambant la glissière de sécurité d’une voie rapide, quelque part entre Grande-Synthe et Loon-Plage (Nord). De l’autre côté de la rampe, la terre est devenue un escalier naturel à force de passages pour descendre sous le pont de la dérivation du canal de Bourbourg. Le camp de Loon-Plage s’étend en contrebas, sur plusieurs kilomètres de buissons et de forêt. Ce sont plus de 500 personnes qui vivent ici dans des conditions précaires en attendant de traverser la Manche pour trouver une vie meilleure en Angleterre.
«Il ne faut pas rester, c’est dangereux. Il y a beaucoup d’armes ici», accueille d’emblée un Algérien, assez sec, cheveux longs tirés sous une casquette à l’envers. Ces derniers mois, le campement est le théâtre de nombreux règlements de comptes. Depuis fin août, douze tentatives de meurtre ont été officiellement recensées, les deux dernières en date sur la seule journée du 7 septembre. Un Kurde, un Erythréen et un Ethiopien ont été gravement blessés par balle. Jeudi, le parquet de Dunkerque a indiqué que l’exilé de nationalité érythréenne était depuis décédé. Une enquête a été ouverte pour «tentative d’homicide en bande organisée», «homicide en bande organisée» et «association de malfaiteurs». La préfecture du Nord n’a, de son côté, pas souhait