Assise au-devant de la salle, Wassila a les yeux rivés sur son écran d’ordinateur portable et les mains encore hésitantes. «Je n’ai pas du tout l’habitude de taper sur un clavier ou d’utiliser une souris. C’est même l’une des premières fois que j’utilise un ordinateur avec autant de sérieux», explique la mère de famille de 47 ans. Ce jour-là, elle participe avec sept autres personnes à une formation au numérique de dix jours à Drancy, en Seine-Saint-Denis. Un dispositif mis en place en décembre par l’association Agir ensemble, créée en 2012. Son but : aider les mères de familles monoparentales à se servir des nouvelles technologies. «Cette semaine, on accueille exceptionnellement un homme», relève Idriss Niang, 36 ans, fondateur d’Agir ensemble, le regard tourné vers Cherif, 66 ans. Ce retraité souhaite pouvoir utiliser l’ordinateur que son fils lui a offert.
«On a choisi de soutenir les mères seules parce que beaucoup d’entre elles sont en situation de précarité, surtout celles venant de milieux populaires, explique Idriss Niang. Elles sont davantage en marge de la société lorsqu’elles ne savent pas utiliser les outils numériques.» «L’ordinateur est pour les milieux populaires un outil de classement dans la hiérarchie sociale. Il renvoie à la culture technique et à l’écriture, qui discrimine les personnes les moins lettrées», analyse Hélène Bourdeloie, sociologue et maîtresse de conférences à l’université Sorbonne Paris Nord.
«Regarder les notes de mes enfants sur Internet»
C’est en accompagnant